François Bozizé à la reconquête du pouvoir mais...
29 juillet 2020C'est depuis son retour mi-décembre à Bangui, après six années d'exil, que les préparatifs en vue d'une candidature à la présidentielle de 2020 ont été évoqués.
Sur le terrain, François Bozizé devra faire face à la justice tant nationale qu’internationale, car il est soupçonné par le Conseil de sécurité de l'ONU d'avoir soutenu des milices antibalaka, impliquées dans des violences en 2013 dans le pays. Pour Paul Crescent Beninga, politologue le problème est à prendre sous l’angle éthique.
"Les sanctions des Nations unies ne constituent pas une peine pénale et ne peuvent en aucun cas constituer un motif d’empêchement. D’ailleurs, il est libre. La question se pose davantage sur le plan moral. Je le dis parce que Bozize a été pendant dix ans chef d’Etat. Bozize a été accusé bien qu’il jouisse d’une présomption d’innocence. Ailleurs, malgré les présomptions d’innocence, lorsque les gens sont accusés pour des crimes qui sont graves, celles-ci décident de s’abstenir d’un certain nombre d’actes politiques permettant aux tribunaux de faire leur travail."
La justice doit faire son travail
Mais pour la classe politique centrafricaine, il revient à la Cour constitutionnelle d’aviser de la recevabilité ou non de cette candidature. Taherouka Shabazz est le porte-parole du mouvement Chemin de l’espérance, un parti politique d’opposition.
"C’est vrai qu’il a été investi par son parti, le KNK. Simplement, aujourd’hui, il n’appartient plus aux politiques de se prononcer mais plutôt à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur le cas du président Bozize. Il est sous sanction des Nations unies et sous mandat d’arrêt international délivré par la RCA. Donc il est entre les mains de la Cour constitutionnelle, entre les mains du droit. C’est le droit du parti de choisir un candidat mais c’est aussi le droit de la Cour constitutionnelle de dire qui est habilité à aller à la compétition de 2020-2021."
François Bozizé, pour sa part, se montre serein : "Nous allons vers les élections et on invente ceci ou cela pour essayer d’animer la vie politique. Mais il n’y a rien de grave, j’ai la conscience tranquille. Qu’ils portent plainte et que la justice me convoque, comme ça on verra avec la justice ce qu’il faut dire le jour J."
Le général Bozizé a pris le pouvoir le 15 mars 2003 avant d'être renversé le 24 mars 2013 par des rebelles du mouvement Séléka.