Fukushima, la vie après l'enfer
11 mars 2019Dans le Tagesspiegel, Thomas Seibert, l'un des deux correspondants contraints de quitter la Turquie raconte ses 22 ans passés dans le pays.
"Il n'a jamais été question pour moi de chanter les louanges de la Turquie ni de la critiquer", écrit-il. "Il s'agissait avant tout d'expliquer, parce qu'il n'y a aucun autre pays au monde qui soit aussi proche des Allemands et dans le même temps aussi étranger. La barrière de la langue, les différences de culture et de religion, la vision complètement différente de l'histoire - tout cela fait de la Turquie un mystère qu'il faut résoudre encore et encore."
"Aujourd'hui, la Turquie refuse de nous accorder un permis de travail", constate Thomas Seibert. "Mais ce n'est pas comme ça que le gouvernement turc atteindra son objectif de contrôler les médias allemands, bien au contraire."
Si Erdogan arrive à imposer son attitude "ce sont nous qui décidons de qui écrit sur nous", alors d'autres pays autocratiques comme la Pologne ou la Hongrie pourraient bien être tentés de suivre l'exemple du grand frère turc, affirme la Allgemeine Zeitung de Mayence. "Pour l'instant, la multiplication des avertissements aux voyageurs désirant se rendre en Turquie semble être l'instrument que le gouvernement allemand juge le plus efficace pour ramener Erdogan à la raison."
Recep Tayyip Erdogan qui continue son chemin en dépit de toutes les mises en garde. Un chemin qui conduit la Turquie à l'écart, d'après le Rheinpfalz de Ludwigshafen. Après la mise au pas des médias nationaux, ce sont désormais les correspondants étrangers qui font l'objet de mesures disciplinaires. Les observateurs qui sont encore tolérés sont prévenus : quiconque écrit des articles qui critiquent le gouvernement doit soit être plus prudent soit faire ses valises". "Erdogan mène son pays d'une main de fer et sape ainsi les liens de longue date que la Turquie entretient avec l'Occident", conclut le quotidien.
Fukushima, 8 ans après la catastrophe nucléaire
La Berliner Zeitung tente de décrire "la vie après l'enfer". Le traumatisme continue car de nombreuses personnes ne parlent pas ouvertement du fait qu'elles ont été évacuées, explique le journal. Elles ont peur d'être exclues et discriminées à cause des rumeurs persistantes, comme celles selon lesquelles les évacués répandent des radiations ou que les femmes ne peuvent plus avoir d'enfants en bonne santé. Et ce sans compter l'envie à laquelle font face les personnes évacuées : beaucoup pensent qu'elles ont reçu des indemnités extrêmement élevées.
"Tout doit avoir l'air parfaitement normal", titre la tageszeitung, la taz. Aussi bien dans la centrale nucléaire qu'en dehors. "Et si la radioactivité ne peut être recouverte de béton - les sites contaminés de Futaba et Okuma de la centrale nucléaire restent fermés - depuis 2014, neuf communautés de la zone d'évacuation d'origine ont été déclarées habitables", rapporte le journaliste.
Et lors des Jeux Olympiques de 2020 qui auront lieu à Tokyo, six matchs de softball et un tournoi de basket seront organisés à Fukushima même, écrit la taz. Une décision qui indigne les habitants évacués : comme l'Etat minimise le danger des radiations, plus personne ne se soucie des conséquences de la catastrophe.
La Süddeutsche Zeitung fait le même constat : à Fukushima, les travailleurs ont à leur disposition des vestiaires, des douches, des distributeurs automatiques et une cantine : Tepco essaie de créer la normalité. Mais la normalité est inimaginable dans un endroit comme celui-ci - un endroit où s'entassent les débris d'une catastrophe nucléaire.
Le guide du journaliste du quotidien de Munich avoue d'ailleurs qu'"il était trop optimiste de dire que la catastrophe serait surmontée dans 30 à 40 ans. Il n'y a pas encore de calendrier concret", admet-il.