Le Gabon choqué par des abus sexuels dans le sport
3 janvier 2022Nous nous sommes entretenu avec l’artiste gabonaise Naneth Nkoghe, qui en plus de faire de la musique engagée, milite contre toute forme de dépravation. Son association "Cauris Sage" sensibilise les enfants en se basant sur des valeurs traditionnelles.
DW : Un entraîneur de taekwondo a été arrêté la semaine dernière par la police gabonaise pour des "faits de pédophilie" présumés sur de nombreuses victimes. Avez-vous suivi l'affaire ? Qu'en pensez vous ?
Naneth Nkoghe : Nous sommes sur le qui vive, on se demande si on a eu une centaine de victimes il y a 30 ans, à quoi ressemble la configuration de la société gabonaise aujourd'hui en termes de traumatismes sexuels ? C’est la première question que je me suis posée, pas seulement en tant qu'artiste engagé, mais aussi en tant que mère de famille.
DW : Cette arrestation survient après celle de Patrick Assoumou Eyi, l'ancien entraîneur gabonais de football de l'équipe nationale des moins de 17 ans. Il est accusé d'agressions sexuelles présumées sur des centaines d'enfants. Comment mettre en place un garde fou ?
Naneth Nkoghe : Je pense que le premier garde fou c’est au niveau de la famille. On a inscrit nos enfants à plusieurs disciplines parce qu’'on voulait moins les voir à la maison, parce qu'on était trop occupés pour assurer leur éducation. C'est pour ça que je dis que la première sécurité, c'est au sein de la cellule familiale. Apprendre à connaître son enfant, voir les modifications dans son comportement et pouvoir comprendre quand il y a un danger ou qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Après, l’État doit faire son travail. C'est inadmissible qu'on parle de ce genre de chose, c’est inadmissible pour un État responsable.
DW : Ce genre de scandale n'est pas propre à l’univers du sport, on le vit également dans le monde culturel. Par exemple, avec #Metoo, des sujets délicats ont pu être abordés et permis d’une certaine manière la libération de la parole, partagez-vous cet avis ?
Naneth Nkoghe : Une libération de la parole ? Non, je ne pense pas. Je ne pense pas parce qu’il fut une époque, je vais prendre l’époque où j’étais vraiment lancée dans le Hip Hop, on avait une autre meilleure liberté d'expression qu'aujourd'hui. Aujourd'hui, on fuit les sujets pour parler de choses qui ne peuvent pas affecter notre sécurité. On aurait gagné à toujours dénoncer. Je pense qu’aujourd’hui les groupes qui dénoncent sont de moins en moins nombreux. On ne peut pas dire qu’aujourd’hui on a une meilleure liberté d'expression. Je ne pense pas.