Le coup d’Etat au Gabon suscite beaucoup de réactions
30 août 2023Les militaires putschistes qui ont annoncé avoir mis "fin au régime en place" ont placé en résidence surveillée le président Ali Bongo Ondimba. Ce dernier a réagi aux événements en cours via une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, en l'occurrence sur Twitter, désormais X. Ali Bongo a lancé un appel à ceux qu'il nomme "ses amis".
"J'envoie un message à tous les amis que nous avons, partout dans le monde, pour leur dire de faire du bruit, de faire du bruit, car les gens d'ici m'ont arrêté ainsi que ma famille. Mon fils est quelque part, ma femme est ailleurs. En ce moment, je suis en résidence surveillée et il ne se passe rien... Alors, je vous appelle à faire vraiment du bruit", a lancé Ali Bongo.
Avant cette déclaration d‘Ali Bongo, les putschistes avaient annoncé qu'il était en résidence surveillée "entouré de sa famille et de ses médecins".
L'un de ses fils, Noureddin Bongo Valentin, a quant à lui été arrêté pour "haute trahison, détournement massif de deniers publics et falsification de la signature" du chef de l'Etat, toujours selon les militaires.
Des hauts responsables du Parti démocratique gabonais, la parti d'Ali Bongo, ainsi que certains de ses proches collaborateurs, ont également été interpellés.
"Une libération"
Du côté des opposants, le "candidat consensuel" de la principale plateforme de l'opposition Alternance, Albert Ondo Ossa, que nous avons contacté, n'a pas souhaité s'exprimer dans l'immédiat sur l'évolution de la situation au Gabon. Il dit attendre que la situation se clarifie avant de faire toute déclaration.
Pour Gervais Oniane, président de l'Union pour la République et candidat à la présidentielle, dont les résultats ont été annulés par les putschistes, l'action des militaires est synonyme de libération et de joie pour les Gabonais.
Selon lui : "La prise du pouvoir par les militaires s'est faite sans effusion de sang… Il faut quand même reconnaître que le processus électoral a été tronqué et que les résultats qui ont été proclamés sont loin d'être conformes à ce à quoi la plupart des Gabonais ont assisté dans les différents centres de votes. Nous souhaitons tous au niveau de la classe politique gabonaise que l'armée, qui a pris ses responsabilités, aille jusqu'au bout de cette transition pour mettre de l'ordre dans le pays et que le processus puisse être restauré pour que le pouvoir revienne aux civils dans les meilleurs délais."
La société civile vigilante
L'activiste Marc Ona Essangui, également coordonnateur de la coalition Publiez ce que vous payez au Gabon s'est dit surpris par le déroulement des événements, et il dit penser déjà au Gabon d'après Ali Bongo.
"Si les militaires sont venus pour mettre de l'ordre, qu'ils mettent de l'ordre et puis qu'ils surveillent un peu le fonctionnement des institutions de la République... Puisque les institutions ont échoué, la Cour constitutionnelle qui doit jouer son rôle n'a pas joué son rôle, le gouvernement et l'Assemblée ne jouent pas pleinement leur rôle. Il faut faire asseoir les citoyens pour renforcer les institutions de la République. Et là, les militaires peuvent jouer ce rôle pour que toutes les parties jouent franc jeu. Après ils retournent dans les casernes" a souhaité l'activiste.
En attendant, les putschistes disent vouloir se concerter pour définir leurs futures actions. Mais les réactions se multiplient.
Réactions à l'international et nouvelles annonces
Le président de la Commission de l'Union africaine a par exemple "condamné fermement la tentative de coup d'Etat". Condamnation également de la France qui dit "surveiller avec beaucoup d'attention l'évolution de la situation", tout comme la Maison Blanche.
Le Maroc a pour sa part, insisté sur "l'importance de préserver la stabilité". La Chine, d'habitude réservée, a appelé "les parties concernées" à "garantir la sécurité" d'Ali Bongo.
Pour l'heure le Comité pour la transition et la restauration des institutions affirme avoir dissous toutes les institutions de la République. Les militaires putschistes ont annoncé le rétablissement de la diffusion des médias internationaux qui avaient été suspendus samedi soir, jour de l'élection présidentielle. Ils précisent également qu'ils maintenaient "jusqu'à nouvel ordre" le couvre-feu instauré il y a quatre jours par le pouvoir du président déchu, Ali Bongo Ondimba, "pour préserver le calme" dans un communiqué télévisé.
Le commandant en chef de la Garde républicaine, l'unité d'élite de l'armée du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, a par ailleurs été nommé "président de la transition" par les militaires putschistes dans un communiqué lu à l'antenne de la télévision Gabon 24.
Ecoutez ci-dessus (en cliquant sur l'image) les derniers développement de la situation avec notre correspondante à Libreville, Sidella Nymane.