Gabon: l'appel d'Ali Bongo Ondimba
20 septembre 2024Après plusieurs mois de silence, l'ancien président Ali Bongo, renversé il y a un an par les militaires, refait parler de lui. Ali Bongo Ondimba appelle à la libération de son épouse Sylvia et de son fils Noureddin, tous deux en détention depuis un an à Libreville. Réaction de l'économiste Virgilio Foumangoye.
DW: Dans une lettre transmise à la presse, le président déchu du Gabon, Ali Bongo a annoncé "son renoncement définitif" à la politique. Qu’est ce que vous en pensez?
Virgilio Foumangoye: Je pense qu’il n’avait pas le choix pour la simple raison que sa santé n’est pas des meilleures, des plus bonnes en ce moment et que politiquement, il a fait son méa-culpa. Il a compris qu’il a tout simplement échoué et la seule chose était de rendre le tablier.
DW: Ali Bongo Ondimba a également plaidé le sort de son épouse Sylvia et celui de son fils Noureddin. Est-ce que ce n'était pas l’objectif premier de son appel?
Virgilio Foumangoye: Entre autres. Je pense qu’il a tout simplement demandé à son frère (ndlr, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema) de libérer son épouse et son enfant. C’est une manière aussi de s’adresser à lui.
DW: Beaucoup de Gabonais disent ceci: c’est seule la justice qui va ou doit décider du sort de Sylvia Bongo et de son fils Noureddin.
Virgilio Foumangoye: Je serais la dernière personne à demander la clémence de ces deux individus. Je pense qu’ils ont des comptes à rendre et que la justice fera son travail. Laissez la justice faire son travail.
DW: Quitte à ce qu’ils soient graciés après leur condamnation?
Virgilio Foumangoye: Gracié, je ne sais pas. Moi, je suis respectueux des valeurs de la République, des pouvoirs de la République. Donc, il faut laisser la justice faire son travail.
DW: Dernière question, pensez-vous que l’élection présidentielle prévue l’année prochaine, en 2025 sera crédible?
Virgilio Foumangoye: Si elle ne l’est pas, ce sera décevant. Décevant pour moi d’abord, pour le peuple gabonais ensuite et pour la communauté internationale qui nous regarde. Parce que cette transition est quand même spéciale. Ce coup d’Etat est assez particulier. Il n'y a pas eu d’effusion de sang. Les militaires sont arrivés et ont créé ce qu’ils appellent le CTRI, le Comité pour la transition et la restauration des institutions. S’ils ont restauré les institutions et qu’on constate qu’il n'y a pas de clarté ou de visibilité dans les élections à venir, ce serait dommage. Ce serait une très grande déception.