Gardiens de camp complices des crimes nazis ?
8 avril 2013Pendant des décennies, la justice n'avait pas inquiété ces anciens surveillants du plus grand camp d'extermination allemand. C'est le procès et la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, ancien gardien du camp de Sobibor en Pologne, qui a ouvert la voie à cette procédure.
Le droit allemand se base sur le principe qu'on ne peut condamner des accusés que pour des crimes prouvés, rappelle la Süddeutsche Zeitung. On peut donc s'étonner de la procédure contre 50 anciens gardiens du camp d'Auschwitz-Birkenau. On sait qu'ils y travaillaient, mais pas exactement quels crimes ils y ont commis. Ce principe du droit allemand explique les peines clémentes infligées lors du procès d'Auschwitz à Francfort il y a 50 ans. Ce n'est que le jugement contre John Demjanjuk en 2011 qui a fait changer les choses : les juges de Munich ont déclaré que les surveillants des camps d'extermination pouvaient être condamnés pour complicité de meurtre sans preuve individuelle de leurs crimes. Ceci ouvre de nouvelles perspectives pour les enquêteurs sur les crimes nazis.
Pendant presque 70 ans, écrit la Neue Osnabrücker Zeitung, les anciens gardiens de camps ont pu arguer du fait qu'ils se contentaient de recevoir des ordres et qu'ils ne pouvaient donc juridiquement pas être condamnés pour complicité pour les horreurs d'Auschwitz. A présent, les choses ont changé, mais ce changement arrive beaucoup trop tard, estime le journal. Il est malgré tout important de mener ces procès. Parce que les victimes y ont droit et que c'est le devoir de la justice allemande.
Pour la Südwestpresse, on va certainement se demander avec sentimentalité si ces personnes âgées d'environ 90 ans ne sont pas trop vieilles, trop séniles, trop malades pour être soumises à des interrogatoires éreintants. Mais face à ce qui s'est passé dans le plus grand camp d'extermination allemand, la réponse va de soi.
La Tageszeitung parle des petits rouages dans le grand engrenage de l'extermination des juifs. Il ne faut pas forcément avoir ordonné soi-même des assassinats, avoir participé à des fusillades ou avoir déversé le zyklon B dans les chambres à gaz pour porter une part de responsabilité, affirme le quotidien. Ces hommes étaient volontairement entrés au service des SS, ils auraient pu demander à changer de poste sans être menacés de mort, mais ils sont restés travailler dans les camps. Et ils n'ont peut-être pas tués eux-mêmes, mais ils ont contribué à ce que plus d'un million de personnes soient assassinées.