A droite toute, Giorgia Meloni prend le pouvoir en Italie
22 octobre 2022"Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne". Avec puissance, cette anaphore était devenue le cri de guerre de Giorgia Meloni pendant ses meetings politiques.
Là où les électeurs italiens conservateurs se laissaient séduire par les comportements machos et paillettes de Silvio Berlusconi, la cheffe du parti Fratelli d’Italia a réussi à capitaliser sur les valeurs traditionnelles de la famille et de la place de la femme.
Elle rejette l'avortement et les droits LGBTQ, est opposée à la fluidité des genres, à l’adoption d’enfants par les célibataires. Voilà qui plait à l’électorat catholique. Elle est opposée aux quotas pour renforcer la présence des femmes au Parlement et à la tête des entreprises.
Elle est celle qui dit connaitre les soucis du peuple, des petits commerçants, elle qui s’est battue pour gravir les échelons : voilà un discours qui convainc de nombreux électeurs indépendants.
Nouvelles stratégies
Selon la sociologue Katrine Fangen de l'université d'Oslo, de nombreux partis populistes de droite en Europe "ont depuis longtemps des femmes politiques de premier plan. Il peut s'agir d'une décision stratégique pour s'adresser davantage aux femmes, qui peuvent davantage s'identifier à une personnalité féminine".
En Allemagne par exemple, la formation d’extrême droite AfD est co-dirigée par une femme. En Norvège, deux femmes se sont succédé à la tête du Parti du progrès, un parti populiste et anti-immigration.
Mais le précurseur de cette stratégie en Europe est le Front national, aujourd’hui Rassemblement national, en France. Voilà deux présidentielles d’affilée que Marine Le Pen s’est hissée au second tour.
Electorat féminin
"Se préoccuper de la vie concrète de nos compatriotes, c’est aussi cela d’être président de la République et j’ose penser que sur ce point être une femme est un atout. Cette fois c’est au tour d’une femme d’être élue", avait lancé Marine Le Pen lors de l’entre-deux tours l’an dernier, alors qu’elle venait de faire quasiment jeu égal avec Emmanuel Macron auprès de l’électorat féminin, devenu décisif.
"Les partis populistes de droite continuent d'être majoritairement élus par des hommes, mais la différence n'est plus aussi marquée que par le passé", précise Katrine Fangen, qui note qu’environ "40% de l'électorat d'extrême droite au niveau international sont des femmes.”