Guinée-Bissau : des tirs près du palais du gouvernement
1 février 2022"La Cédéao condamne cette tentative de coup d'Etat et tient les militaires responsables de l'intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement", a déclaré la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest dans un communiqué.
L’organisation sous-régionale demande aux militaires de retourner dans les casernes.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a réclamé dans un communiqué "l'arrêt immédiat" des combats à Bissau et "le plein respect des institutions démocratiques du pays".
L’Union africaine a indiqué que certains membres du gouvernement sont détenus. L’UA a appelé à leur libération. Elle dit suivre avec "une vive préoccupation la situation en Guinée-Bissau caractérisée par la tentative de coup d'Etat contre le gouvernement du pays".
Situation confuse
L’ambassade du Portugal a demandé aux Portugais d’éviter tout déplacement.
Des sources annoncent des personnes blessées. Au moins deux morts sont signalés. La Guinée-Bissau pourrait ainsi être le théâtre d'un cinquième coup d'Etat dans la région en moins de deux ans. Une grande confusion régnait en fin d'après-midi.
"Tout va bien", a dit le président Umaro Sissoco Embalo dans un très bref entretien téléphonique avec l'AFP, sans qu'apparaissent les conditions dans lesquelles il s'exprimait. Dans un message sur les réseaux sociaux, le chef de l'Etat bissau-guinéen a fait savoir qu'il va bien et que "la situation est sous contrôle gouvernemental".
Umaro Sissoco Embalo confirme qu'il s'agissait d'une tentative de coup d'État ratée. On ne sait pas qui est à l'origine de ces incidents, il mentionne seulement qu'il s'agit d'un "acte isolé" de personnes soupçonnées d'être impliquées dans le trafic de drogue en Guinée-Bissau. Dans une déclaration à la nation mardi soir, le chef de l'Etat a dénoncé le fait qu'un groupe d'hommes armés a tenté de l'assassiner. Il a dit qu'il avait été sous le feu pendant cinq heures. Il a confirmé qu'il y avait des morts et des blessés, mais qu'aucun représentant du gouvernement ne figurait parmi les victimes.
C'est peut-être donc un nouveau coup d'Etat qui est en cours. Un périmètre de sécurité d’un rayon de 500m environ a été instauré autour du palais du gouvernement et les civils ne sont pas autorisés à passer.
Des tirs nourris, de bazooka et de mitrailleuses, ont été signalés cet après-midi autour du palais du gouvernement. C’est là que le président Umaro Sissoco Embalo devait se trouver au moment des tirs, pour un conseil des ministres extraordinaire. Le Premier ministre Nuno Nabiam y participait aussi.
Le palais a donc été encerclé par des hommes lourdement armés. Les riverains ont commencé à prendre la fuite. Les marchés se sont vidés et les filiales des banques ont fermé.
Victoire contestée
Umaro Sissoco Embalo, un ancien général, a été élu début 2020 chef de l'Etat, à la suite d'une présidentielle au résultat toujours contesté par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), la formation dominante depuis l'indépendance.
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Umaro Sissoco Embalo a procédé il y a quelques jours à un remaniement de l'exécutif, contesté par le parti du Premier ministre dans un premier temps, avant d’être finalement accepté. Parmi les têtes coupées, il y a celle de l'ancien secrétaire d'État guinéen à l'ordre public, Alfredo Malu.
Les relations entre le chef de l'État et son Premier ministre étaient tendues, ces derniers mois. Des tensions qui ont culminé fin 2021 avec l’affaire d'un Airbus A340, que le gouvernement avait retenu à l'aéroport de Bissau, alors que l’avion, en provenance de Gambie, avait atterri avec l'autorisation présidentielle.
Depuis son indépendance arrachée au Portugal en 1974 après une longue guerre de libération, la Guinée-Bissau a connu quatre putschs (le dernier en 2012) et de nombreuses tentatives de coup d'Etat. Depuis 2014, le pays semblait engagé vers un retour à l'ordre constitutionnel.