Le rétablissement d’Internet en Guinée ne rassure pas
23 février 2024Cela faisait trois mois que les Guinéens subissaient des restrictions dans l’accès à internet et aux réseaux sociaux. La mesure a fortement pénalisé le secteur économique et éducatif du pays, dans la mesure où de nombreux élèves et étudiants suivent des cours à distance.
Dans un communiqué conjoint, les ONG Tournons la page et Internet sans frontières ont dénoncé "90 jours d’obscurité numérique en Guinée", accusant la junte au pouvoir de réprimer à huis clos en s’attaquant à la liberté d’expression.
Cliquez sur l'image, ci-dessus, pour écouter Abdoulaye Oumou Sow, responsable de la communication de Tournons la page en Guinée. Il dénonce le rétrécissement de l’espace civique entre les coupures d’internet, l’interdiction de certains journaux et l’arrestation de professionnels des médias.
Internet accessible à nouveau
Les restrictions d'accès à internet imposées il y a trois mois ont été levées dans la nuit de jeudi (22.02.24) à vendredi (23.02.24).
Elles avaient été imposées en raison d'un "problème" de sécurité, selon les autorités guinéennes.
La levée de ces restrictions interviennent dans un climat de tension sociale grandissante et après l'annonce lundi de la dissolution du gouvernement par la junte militaire au pouvoir depuis deux ans et demi, qui n'en a pas donné les raisons.
Couplées à d'autres restrictions comme la suppression de chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et le brouillage de fréquences radio, elles ont provoqué des manifestations de colère, en particulier de journalistes.
Une peine de six mois de prison ferme a été requise par la justice guinéenne à l'encontre du responsable d'un syndicat de presse, détenu pour avoir appelé à manifester contre la censure de certains médias et d'internet. Le verdict devrait être connu vendredi.
Toute manifestation est interdite depuis 2022 en Guinée où des militaires ont pris le pouvoir par la force en septembre 2021 en renversant le président élu Alpha Condé qui tentait de briguer un troisième mandat.