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Guinée sous tension à l'annonce de la victoire d'Alpha Condé

23 octobre 2020

Les chiffres de la CENI donnent à Alpha Condé une large avance dès le 1er tour de la présidentielle. L'opposant Cellou Dalein Diallo rejette ces résultats.

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Alpha Condé a invoqué l'appel des femmes et des jeunes à qui il dédie sa candidature
Alpha Condé devait rendre le pouvoir en décembre 2020, fin de son actuel mandat qui lui fait boucler 10 ans de pouvoirImage : Facebook/Alpha Condé

En Guinée, internet était sérieusement perturbé depuis vendredi matin (23.10.2020). Selon l'observatoire Netblocks, cette situation a limité la circulation de l'information à l'intérieur du pays, coupé du reste du monde.

Cette limitation d'internet survient dans un climat de tension politique à un niveau très élevé parce que la Commission électorale a annoncé des résultats favorables au président Alpha Condé. 

Le président de 82 ans, qui brigue un troisième mandat contesté, serait crédité de plus de 2,4 millions de voix contre 1,26 million pour l'opposant Cellou Dalein Diallo.

Des résultats contestés 

Cellou Dalein Diallo ici en campagne électorale à Conakry, le 15 octobre 2020
L'opposant Cellou Dalein Diallo affrontait pour une troisième fois Alpha CondéImage : Nadia Nahman

Le leader de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) qui s'est autoproclamé victorieux dès le lendemain du vote, a réitéré mercredi (21.10.2020) que c'est lui qui détenait les vrais résultats.

"L'UFDG, en association avec les autres partis qui nous ont soutenu, vient de publier les vrais résultats de l'élection du 18 octobre. Ces résultats montrent clairement que votre candidat, celui que vous avez élu, l'a été avec 53% des suffrages exprimés dans les urnes. Il faut maintenant que nous nous mobilisions pour défendre cette victoire", a-t-il déclaré, apparaissant dans un cadre neutre avec en arrière-plan une photo de Nelson Mandela.

L'opposant accuse Alpha Condé de chercher à s'accrocher au pouvoir.

Lire aussi → La communauté internationale complaisante en Guinée ?

Des troubles d'une rare ampleur

Conakry, la capitale, et certaines provinces du pays enregistrent des scènes de chaos depuis le début de cette semaine.

Les violences ont fait jusqu'ici une dizaine de morts, selon le gouvernement. D'autres sources concordantes avancent un bilan plus lourd.

Troubles en Guinée : le point à 17HTU

Le ministre de l'Administration territoriale Bouréma Condé, lors d'une intervention jeudi soir (22.10.2020) à la télévision nationale, a prévenu que "des mesures républicaines idoines, déjà mises en œuvre, sont renforcées à la mesure des dimensions prises par les troubles qui se sont démarqués en importance des troubles anciennement enregistrés dans notre pays".

Le gouvernement attribue la responsabilité de ces troubles à l'opposition autour de Cellou Dalein Diallo, dont le domicile à Conakry est toujours encerclé par la police.

Le ministre de la Sécurité, Albert Damantang Camara, a confirmé que les locaux de son parti UFDG avaient été placés "sous scellés" en vertu d'une procédure judiciaire ouverte parce que "des messages contraires à l'ordre public et à l'unité nationale auraient été diffusés".

Des sources indiquent aussi que les services de sécurité font preuve d'un usage disproportionné de la force.

Internet coupé

La journée de vendredi (23.10.2020) a enregistré une coupure d'internet qui ne permettait pas un suivi normal de la situation.

L'observatoire Netblocks confirme cette coupure d'internet et affirme que cela entraîne une sérieuse perturbation sur le réseau de téléphonie mobile Orange, le plus répandu sur le territoire national guinéen. Netblocks constate que seuls 9% du trafic habituel est enregistré.

Durant le référendum constitutionnel en mars, internet avait déjà été coupé en Guinée. Quelques jours avant la présidentielle du 18 octobre, certaines organisations dont le Comité de protection des journalistes (CPJ), ont mis en garde les autorités guinéennes, leur demandant de ne pas restreindre l'accès à internet.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum