1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Des heurts après l'interdiction d'un congrès salafiste

Sébastien Martineau (avec AFP, Reuters)19 mai 2013

Des affrontements ont éclaté dimanche à Tunis et à Kairouan, où devait se tenir un congrès du mouvement Ansar Ashariaa. Le gouvernement avait interdit le rassemblement, le qualifiant de "menace pour la sécurité" du pays.

https://p.dw.com/p/18agX
Près de 11.000 hommes ont été déployés dans et autour de Kairouan
Près de 11.000 hommes ont été déployés dans et autour de KairouanImage : picture-alliance/AP Photo

Dimanche 19 mai, à la mi-journée, des affrontements ont éclaté entre policiers et salafistes à la Cité Ettadhamen, en banlieue ouest de Tunis. Le mouvement salafiste Ansar Ashariaa avait appelé ses partisans à se rassembler dans ce quartier, les autorités ayant interdit leur congrès à Kairouan, une ville située à 150 km de la capitale.

Des blindés de la garde nationale sont arrivés en renfort ainsi que des camions de l'armée tunisienne pour tenter de disperser les militants salafistes, qui avaient notamment monté des barricades avec des pneus.

Des manifestants salafistes devant un tribunal de Tunis, en novembre 2012
Des manifestants salafistes devant un tribunal de Tunis, en novembre 2012Image : FETHI BELAID/AFP/Getty Images

Des heurts ont eu lieu également à Kairouan, la ville où devait se tenir le congrès d'Ansar Ashariaa. Les militants salafistes se sont barricadés derrière le mur d'enceinte d'une mosquée du quartier Bab Achouhada.

Les forces de l'ordre déployées à Kairouan

Les autorités s'étaient préparées à d'éventuels débordements. Après la décision d'interdire le rassemblement d'Ansar Ashariaa, prévu dimanche après-midi à Kairouan, un vaste dispositif de sécurité avait été mis en place : les forces de l'ordre bouclaient les entrées de la cité et avaient déployé des centaines d'hommes à travers la ville.

Par ailleurs, d'après des sources concordantes, les forces de sécurité tunisiennes avaient interpellé dimanche matin à l'aube le porte-parole d'Ansar Ashariaa, Seifeddine Raïs.

Ennahda durcit sa position

Le parti islamiste Ennahda, principale force de la coalition au pouvoir en Tunisie, a été régulièrement accusé de laxisme pour avoir toléré les groupuscules salafistes. Il a cependant durci sa position après que seize militaires et gendarmes ont été blessés fin avril et début mai par des mines posées par des groupes armés traqués à la frontière avec l'Algérie.

Une siituation compliquée pour le Premier ministre Ali Larayedh et son parti Ennahda
Une siituation compliquée pour le Premier ministre Ali Larayedh et son parti EnnahdaImage : Getty Images/AFP

Ansar Ashariaa accuse de son côté Ennahda de mener une politique anti-islamique et a menacé de "guerre" le gouvernement.

Un chef en fuite

Le mouvement Ansar Ashariaa (Partisans de la loi islamique) est la principale organisation salafiste jihadiste de Tunisie. Elle a été créée après la révolution de 2011 par "Abou Iyadh", un vétéran d'Al-Qaïda en Afghanistan.

De son vrai nom Saif Allah Bin Hussein, "Abou Iyadh" est en fuite depuis l'attaque de l'ambassade des États-Unis, le 14 septembre 2012, les autorités le considérant comme l'organisateur de cette manifestation qui avait dégénéré en affrontements.

Ansar Ashariaa, qui revendique 40.000 membres, n'a pas d'existence légale en Tunisie. En effet, le mouvement ne reconnaît pas l'autorité de l'État et considère Dieu comme la seule source de légitimité. L'organisation est néanmoins très présente sur le terrain, notamment dans les quartiers populaires où ses partisans mènent des campagnes de prédication et d'aide caritative.