Hommage aux victimes du nazisme
27 janvier 2012L'émotion était intense vendredi matin au Bundestag, en présence de la chancelière Angela Merkel, lorsque l'invité d'honneur Marcel Reich-Ranicki, 91 ans, s'est approché du pupitre. Marcel Reich-Ranicki a longtemps été le critique littéraire le plus influent d'Allemagne.
Marcel Reich-Ranicki et la mémoire allemande
Juif polonais, il est rescapé du ghetto de Varsovie. Le reste de sa famille n'a pas survécu à l'holocauste. Dès son arrivée au ghetto, en 1940, le jeune Marcel est témoin de la barbarie nazie :
« Des hommes étaient abattus dans la rue, de nombreuses personnes étaient prises en otage, parmi elles, beaucoup de membres du Judenrat, le Conseil juif - des membres d'ailleurs qui n'étaient pas du tout appréciés, parce qu'ils avaient des postes à responsabilité. Mais les gens étaient quand même terrifiés par ces arrestations – des arrestations qui ne signifiaient rien de bon pour la population enfermée au sein du ghetto. »
Un appel à la tolérance
L'émotion après le discours de Marcel Reich-Ranicki était d'autant plus intense qu'il y a quelques jours, le 20 janvier dernier, avait lieu un autre anniversaire : les 70 ans de la conférence de Wannsee, conférence qui a planifié dans les moindres détails l'holocauste. Norbert Lammert, le président du Bundestag, y a fait référence ce matin :
« La villa qui a abrité la Conférence de Wannsee est l'un des hauts lieux du travail de deuil sur les horreurs commises par le national-socialisme. Ces lieux de la mémoire allemande nous invitent à nous battre pour qu'en Allemagne, tous les êtres humains soient libres et égaux, et qu'ils ne vivent pas dans la peur. C'est notre objectif et notre devoir. »
Norbert Lammert a appelé à plus de tolérance en Allemagne. Il a également évoqué le choc qu'a ressenti l'Allemagne en apprenant, il y a quelques semaines, l'existence d'une cellule néo-nazie qui a commis pendant des années des crimes racistes au nez et à la barbe des autorités. Le président du Bundestag a également souligné que, selon une récente étude, 20% de la population allemande avait des tendances antisémites. « C'est 20% de trop ! » a clairement dit Norbert Lammert.
Auteurs : Marcel Fürstenau, Carine Debrabandère
Edition : Anne Le Touzé