Indice Mo Ibrahim 2020 : recul de la gouvernance en Afrique
16 novembre 2020Dans sonédition 2020, l'indice de la Fondation Mo Ibrahim, qui a été revu en améliorant et en complétant ses indicateurs, montre que la bonne gouvernance en Afrique s'est améliorée sur la décennie 2010-2019, plus de 60% (61,2%) de la population africaine vivant dans un pays où des progrès ont été recensés.
L'indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) est un outil qui mesure et suit annuellement les performances de gouvernance dans 54 pays africains. Le cadre comprend quatre catégories : sécurité et État de droit, participation et droits de l'Homme, opportunités économiques durables et développement humain.
Le rapport publié ce lundi (16.11.20) indique que pour la dixième année consécutive, l’île Maurice a maintenu sa position de tête en 2019, tandis que la Somalie est restée en bas du classement en raison notamment de certains problèmes comme l’insécurité liée aux attaques des islamistes shebab.
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Malgré ces défis, la Somalie a amélioré son score en matière de gouvernance depuis 2010, grâce notamment à l'amélioration des infrastructures et à une plus grande égalité des sexes, selon le rapport. La Somalie, 54ème au classement, est le 7ème pays à s'être le plus amélioré au cours des dix dernières années.
De façon générale, le document note une nette amélioration sur le continent. "Depuis 2010, des progrès ont été faits par les différents gouvernements en Afrique", confirme Nathalie Delapalme, directrice exécutive de la Fondation Mo Ibrahim. "60% des Africains vivent dans des pays où la gouvernance est meilleure en 2019 qu'en 2010", détaille-t-elle. "Cependant, depuis 2015, ces progrès ralentissent, ce qui est un peu inquiétant. La pandémie actuelle de COVID-19 menace ceux qui ont progressé, en particulier dans le secteur économique"
Le rapport place la Côte d'Ivoire parmi les pays qui ont fait le plus de progrès. "La Côte d'Ivoire a fait de bons progrès au cours de la dernière décennie en termes de développement humain et d'opportunités économiques", dit Nathalie Delapalme.
La Côte d'Ivoire (18ème), la Gambie (16ème) et le Zimbabwe (33ème), figurent parmi les cinq pays qui ont le plus progressé au cours de la décennie.
Espoirs déçus
Selon le rapport, les gouvernements africains n'ont pas répondu aux attentes de leurs citoyens, par exemple en matière de sécurité et d'État de droit, mais des progrès ont été réalisés dans le domaine du développement humain et des infrastructures. Certains pays de haut rang, comme l'île Maurice, le Botswana ou l'Afrique du Sud, qui se classent cependant encore respectivement à la première, cinquième et sixième place, suivent une inquiétante voie de détérioration depuis 2015.
Ces dernières années, certains gouvernements africains ont accusé la Fondation Mo Ibrahim de ne publier que des rapports négatifs sur leur situation. La fondation affirme pour sa part que ses conclusions sont basées sur des informations recueillies par plusieurs groupes de recherche.
À l'inverse, d'autres pays comme la Gambie (16ème), la Côte d'Ivoire (18ème) et le Zimbabwe (33ème), figurent parmi les meilleures progressions de la décennie. En 54ème et dernière place, la Somalie est sur le chemin de l'amélioration.
Riche homme d'affaires, Mo Ibrahim avait revendu en 2005 son entreprise de téléphonie mobile, Celtel, avant de créer en 2006 sa fondation, dont le siège est à Londres et qui se donne pour mission de promouvoir la bonne gouvernance en Afrique.