L'Egypte, un acteur clé pour acheminer l'aide vers Gaza
18 octobre 2023Au Moyen-Orient, les négociations se poursuivent pour obtenir la libération des otages du Hamas, mais également permettre l'acheminement de l'aide vers Gaza.
Dans ce cadre, l'Egypte joue un rôle important. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, qui s'est rendu sur place, a insisté sur ce point, ceci alors que le bombardement d'un hôpital de Gaza a causé la mort de près de 500 civils.
Pour l'instant, il est encore impossible d'établir qui est à l'origine de ce massacre. Le Hamas accuse Israël d'en être l'auteur, tandis que l'armée israélienne parle d'un tir de roquettes manqué du Djihad islamique, une autre organisation terroriste à Gaza, qui a démenti cette version.
L'accès humanitaire à Gaza, une urgence
Le chiffre important des victimes civiles s'explique par le fait que des centaines de personnes étaient venues se réfugier dans cet hôpital où elles pensaient se sentir en sécurité.
L'urgence humanitaire concerne l'ensemble des habitants de la bande Gaza, environ deux millions d'habitants, qui restent bloqués dans cette enclave de 45 km².
En Egypte, le chancelier allemand Olaf Scholz l'a expliqué clairement : il est venu pour "travailler ensemble à avoir un accès humanitaire à Gaza au plus vite".
Le conflit a fait des milliers de morts des deux côtéset un million de déplacés à Gaza, pilonné par l'armée israélienne depuis plusieurs jours. Beaucoup de ces déplacés se sont réfugiés dans le sud, près de l'Egypte.
C'est là que se trouve le point de passage de Rafah, le seul reliant la bande de Gaza à un autre Etat qu'Israël.
Les pays occidentaux tentent de négocier l'entrée, par Rafah, de l'aide humanitaire à Gaza, mais aussi l'autorisation pour certains Palestiniens de se réfugier en Egypte. Ce que le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, ne semble pas prêt pour le moment à accepter.
Selon Simon Wolfgang Fuchs, professeur agrégé d'études islamiques et du Moyen-Orient à l'Université hébraïque de Jérusalem,"les autorités égyptiennes craignent qu'Israël travaille sur un plan visant à relocaliser les Palestiniens dans le Sinaï".
Mada Masr, le dernier grand média indépendant égyptien, a rapporté la semaine dernière que l'Egypte installait des tentes et des cordons de sécurité le long d'une zone tampon de 14 kilomètres à côté du poste frontière. Cela indique que le pays se prépare à l'arrivée de réfugiés, malgré le discours différent du gouvernement égyptien.
Les inquiétudes du Caire
Le terminal de Rafah est l'un des trois points de sortie de la bande de Gaza. Les deux autres points de passage, Erez et Kerem Shalom, restent fermés.
De nombreux Egyptiens se souviennent toujours des Gazaouis qui ont pris d'assaut le terminal de Rafah, en 2008, à la recherche de nourriture et de fournitures après un blocus de plusieurs mois.
En conséquence, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, continue de souligner que la sécurité nationale est sa "responsabilité première" et a appelé les habitants de Gaza à rester "fermes et sur leurs terres".
En effet, une arrivée importante de militants du Hamas pourrait déstabiliser l'Egypte.
Le Hamas partage des liens historiques avec les Frères musulmans, fondés en Egypte dans les années 1920, puis interdits après qu'al-Sissi a évincé le président démocratiquement élu des Frères musulmans, Mohammed Morsi, en 2013.
"Al-Sissi cherche à équilibrer les intérêts nationaux et régionaux à un moment critique, au moment même où il a annoncé des élections prévues pour décembre”, explique Sanam Vakil qui dirige le programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du groupe de réflexion britannique Chatham House.
L'Egypte organise des élections présidentielles en décembre dans un contexte économique désastreux.
L'ouverture du poste-frontière de Rafah, qui permettrait à l'aide d'entrer à Gaza et aux Palestiniens de se réfugier en Egypte, pourrait devenir un enjeu central à l'approche du scrutin, pour lequel le président Abdel Fattah al-Sissi est candidat.