Ituri : la paix peine à s'installer de manière durable
21 juin 2019Ces nouvelles victimes après les attaques du 18 juin à Djugu viennent alourdir le bilan provisoire établi par la société civile qui décompte 240 morts depuis la semaine dernière dans ce même territoire.
L'une des causes de ces violences serait le conflit communautaire entre Hemas et Lendus. Des initiatives existent pour briser le cycle des représailles mais très peu ont jusque-là réussi.
La semaine dernière, un commerçant Lendu a été tué avec ses collègues. Cet évènement a mis le feu aux poudres et déclenché une série de massacres entre les deux communautés. Celles-ci s’accusent mutuellement mais dénoncent aussi l’absence de l’Etat comme l’une des causes de la résurgence des violences.
C’est du moins ce que pense Jean-Baptiste Detchuvi Matchu-Madje, ancien député de la province de l’Ituri qui appartient à la communauté Hema :
"L'unique solution c'est l'armée, les FARDC doivent jouer leur rôle régalien, chasser ces milices et les rendre inactives. Il y a un massacre qui tend vers le génocide. L’Etat doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour traquer les auteurs, les exécutants et même les auteurs moraux de ce qui s’est passé en Ituri."
Jean Marie Ndjaza, porte-parole de la communauté Lendu qui milite pour plus de dialogue entre les deux groupes, partage cet avis :
"La guerre est à tous les niveaux, au niveau socio-économique ainsi que culturel. Nous travaillons sur cette question depuis longtemps. Depuis fin 2017, nous avons toujours demandé que les communautés de l’Ituri puissent se mettre autour d’une table."
Se mettre autour d’une table et discuter afin de travailler au retour de la paix, c’est sur quoi a travaillé le professeur Ntumba Lwaba, ancien ministre des Droits humains en RDC.
Celui-ci a organisé une conférence sur la paix et mis sur pieds une commission de pacification de l’Ituri. Pour lui, le rétablissement de l’autorité de l’Etat dans la région est la condition du retour de la paix :
"Malheureusement, c'est un problème de consolidation des acquis. On n'est jamais parvenu à établir totalement l'autorité de l'Etat, c'est-à-dire l'armée, la police, la justice, l'administration. C'est un éternel recommencement parce que les gens tiennent à s'enrichir sur le dos de cette riche province. Il faut que l'autorité de l'Etat soit établie et encouragée sur l'ensemble du territoire de l'Ituri. Il faut que les frontières soient mieux gardées. La population ne demande qu'à vivre en paix."
En attendant le retour de la paix, plus de 300.000 personnes ont dû fuir la région à cause des violences actuelles selon le Haut-commissariat aux réfugiés.