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Journée à hauts risques ce jeudi en Guinée

Bangaly Condé
27 juillet 2022

Le Front national pour la défense de la Constitution appelle à une série de manifestations ce jeudi 28 juillet à Conakry et le 4 août prochain sur toute l’étendue du territoire, manifestations pourtant interdites.

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Trois leaders de l'opposition ont été violemment interpellés le 5 juillet, provoquant de violentes manifestations spontanées. Ils avaient tous trois été relaxés à l'issue d'un procès.
Trois leaders de l'opposition ont été violemment interpellés le 5 juillet, provoquant de violentes manifestations spontanées. Ils avaient tous trois été relaxés à l'issue d'un procès.Image : John Wessels/AFP

L’appel à manifester est soutenu par plusieurs formations politiques, notamment l’ancien parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel. Le parquet général a toutefois menacé de poursuites judiciaires contre les organisateurs et les participants à ces manifestations qui ont été d’ailleurs interdites par les autorités militaires du pays. La tension monte à la veille de la première marche prévue.

L’opposition vent debout contre la junte

Depuis l’annonce de la série de manifestations la semaine dernière par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), les attaques par médias interposés se multiplient entre ceux qui soutiennent ce mouvement et ceux qui y sont opposés. 

L'ancien parti au pouvoir et l'ANAD, une importante coalition formée de partis, de mouvements et d'associations ont rejoint l'appel à manifester contre la junte au pouvoir.
L'ancien parti au pouvoir et l'ANAD, une importante coalition formée de partis, de mouvements et d'associations ont rejoint l'appel à manifester contre la junte au pouvoir. Image : Nadia Nahman

Plusieurs formations politiques et une partie de la société civile ont apporté leur soutien à cette série de marches qui démarre ce jeudi à Conakry et dans les villes environnantes de la capitale. 

L’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (UFDG), dirigée par Cellou Dalein Diallo, estime qu’il est inacceptable de laisser la junte militaire gérer le pays de manière cavalière.

"Ce qui est important, c’est le comportement du peuple de Guinée, ce qui est important c’est la détermination des forces vives de la nation à faire comprendre à la junte qu’on ne peut plus bâillonner les Guinéens. On ne peut pas utiliser le fusil de la République pour mettre fin à une gouvernance, en tout cas, à ce qui était un régime dictatorial et criminel, et en même temps vouloir confisquer la transition et ne pas organiser rapidement le retour à l’ordre constitutionnel et ignorer les acteurs politiques", a déploré Cellou Balde, le coordinateur national des fédérations de l’UFDG. 

L'opposition désunie

Face à cela, certaines coalitions de partis politiques se sont dissociées de ces appels à manifester du Front national pour la défense de la Constitution. 

C’est le cas de la Coalition des partis pour la rupture qui invite la classe politique à se montrer patiente.

"A partir du moment où la Cédéao s’est déplacée pour faire une première prise de contact avec les autorités guinéennes et avec les ambassadeurs du G5, je crois qu’il faut donner la chance à cette médiation. C’est paradoxal qu’on demande une chose et son contraire. C’est pourquoi la CPR n’a pas voulu s’associer à cet appel à manifester que nous jugeons inopportun", a expliqué Paul moussa Diawara, président du parti Mouvement des patriotes pour le développement.

Les menaces de la justice guinéenne

Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre 2021 le président Alpha Condé, s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Mais sans rassurer.
Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre 2021 le président Alpha Condé, s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans. Mais sans rassurer.Image : John Wessels/AFP

Dans un communiqué diffusé mardi soir, le parquet général, par la voix de Mamadou Dian Bora Diallo, l’avocat général de la Cour d’appel de Conakry, a instruit aux tribunaux de première instance d’engager des poursuites contre les organisateurs de ces manifestations interdites, en cas de constatation de troubles à l’ordre public. 

"Le parquet général, conformément aux articles 41 et 44 du Code de procédure pénale, instruit les procureurs d’instances compétentes qu’en cas de constatation de violation ou de trouble à l’ordre public, d’engager sans délai des poursuites judiciaire contre les organisateurs des manifestations projetées", a déclaré Mamadou Dian Bora Diallo.  

Par ailleurs, des risques de contre-manifestations ne sont pas à écarter. Un autre “front”, c’est à dire le Front national pour la défense de la transition, demande à ses sympathisants de sortir ce jeudi, dit-il, pour une “campagne d’assainissement dans les rues de Conakry”. Une campagne qui a été engagée la semaine dernière par les autorités militaires de la transition.