La bonne décision ?
21 août 2014La prudence s'impose quand on livre du matériel d'armement, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Mais il y a aussi d'importantes raisons de se dépêcher. Dans le nord de l'Irak, des innocents sont massacrés en masse depuis des semaines. Et pour cela, les djihadistes de l'Etat islamique n'ont pas besoin d'équipement moderne. Les démocraties occidentales doivent lutter contre ce régime totalitaire de l'horreur, non seulement parce c'est ce que leur dictent leurs valeurs, mais aussi parce que l'Etat islamique représente une menace pour la situation déjà instable au Proche Orient et un danger à long terme pour la sécurité intérieure de l'Europe et des Etats-Unis.
Pour Die Welt également, la communauté internationale doit lutter avec plus de détermination contre l'Etat islamique, y compris avec des moyens militaires. Mais en même temps, estime le journal, ceux qui soutiennent ces criminels de guerre doivent être menacés de sanctions. Car s'il est justifié de décréter des sanctions face à la Russie, il est par contre complètement absurde d'organiser une coupe du monde de football au Qatar ou de livrer des armes à l'Arabie Saoudite, quand il est clair que ces deux pays font partie des mécènes de groupes terroristes.
L'Etat islamique doit être stoppé par la force. C'est un argument pour les livraisons d'armes, note die tageszeitung. Mais le journal rappelle que la solution politique au conflit ne se trouve pas dans les mains des Kurdes, mais à Bagdad. Pourtant l'Union européenne ne demande pas son avis au gouvernement irakien avant d'effectuer ses livraisons. Et le danger, c'est qu'un armement unilatéral des Kurdes irakiens pourrait accélérer encore plus l'effondrement de l'Etat irakien.
Le gouvernement allemand affirme que la livraison d'armes aux Kurdes est le dernier recours, relève la Süddeutsche Zeitung, comme si toutes les autres options avaient été épuisées. Mais c'est faux : le nord de l'Irak ne manque pas vraiment d'armes actuellement, mais la population y manque de vivres et d'équipement humanitaire. Visiblement, écrit le journal, la décision de livrer un contingent d'armes est plus facile à prendre que celle d'accueillir un contingent de réfugiés.