La Bundeswehr se bat contre ses équipements vétustes
26 septembre 2014Cette fois, la ministre de la Défense Ursula von der Leyen va devoir renoncer aux photos la montrant devant un avion Transall ou aux côtés de soldats de la Bundeswehr en train de former des Kurdes au maniement d'un char d'assaut, commente la Landeszeitung. Les formateurs sont coincés depuis plusieurs jours en Bulgarie et la livraison des armes a pris du retard. Ce désastre de communication va peut-être faire prendre conscience à la ministre des priorités à accorder à l'armée allemande ?
Les Français, les Belges et les Néerlandais peuvent bien participer aux frappes aériennes américaines contre l'Etat islamique, l'Allemagne, elle, envoie sa ministre de la Défense dans le nord de l'Irak, ironise la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Les combattants Peschmerga auraient probablement préféré recevoir des chars de combats. Mais jusque dans les territoires reculés du Kurdistan, on a entendu parler des états d'âme de la grande coalition jusqu'à ce qu'elle décide d'envoyer au moins des armes légères. Ce n'est pas avec des scrupules que l'on risque d'impressionner les djihadistes, souligne la FAZ. Les voisins de l'Allemagne semblent en être conscients. Et en plus, ils ont des avions de combats qui fonctionnent.
Nous livrons des armes, mais nous laissons les autres se battre, dénonce de son côté le quotidien populaire BILD. Les terroristes de l'Etat islamique ne menacent pas que les chrétiens, les kurdes ou les musulmans au Moyen-Orient. Ils nous menacent aussi chez nous. Le président Obama, qui voulait la paix, est devenu un chef de guerre. Et les pays qui le rejoignent savent que ceux qui hésitent se rendent coupables. Le devoir d'intervention est aussi valable pour l'Allemagne ! s'exclame le quotidien.
Le problème, selon la Süddeutsche Zeitung, est que la classe politique n'a pas d'idée précise de ce qu'elle attend de son armée. Depuis que la Bundeswehr est redevenue un instrument de politique étrangère sous le chancelier Kohl, les gouvernements successifs hésitent entre participer et rester à l'écart. Cette incertitude attise l'inquiétude et cela explique pourquoi les débats d'aujourd'hui ressemblent à ceux d'il y a 15 ans, aussi bien en ce qui concerne la mission de la Bundeswehr que son équipement. Et lorsque les événements dans le monde vont plus vite que les débats en Allemagne, la relation déséquilibrée entre les vœux politiques et la réalité militaire se révèle au grand jour. La Bundeswehr, conclut le quotidien, a besoin d'un lobby, à la fois au niveau de la politique et de la société.