La capitulation du 8 mai 1945
7 mai 2015En Allemagne de nombreuses institutions organisent en ces jours des évènements pour rappeler la fin de la seconde guerre mondiale. Le président allemand, Joachim Gauck, à déjà commémoré les soldats soviétiques tombés au combat. Le 9 mai, c'est au tour de la Russie de célébrer la fin de cette guerre. Au vu des tensions actuelles, la chancelière allemande a choisi de refuser l'invitation du président russe, Vladimir Poutine.
Sans condition
Il y a 70 ans exactement, le maréchal Wilhelm Keitel signe la capitulation inconditionnelle de l'Allemagne nazie, à Berlin. La veille, une cérémonie a déjà eu lieu à Reims, en France, et c'est le général Alfred Jodl, qui avait représenté le haut commandement allemand. L'acte signé est alors purement militaire.
La nouvelle est annoncée en ces termes à la radio allemande :
"Nous reconnaissons et signons, au nom de l'état-major allemand, la capitulation sans conditions de toutes nos forces armées sur terre, dans l'air et sur mer, ainsi que celle de toutes les autres forces armées actuellement sous commandement allemand, et ce devant le commandement en chef de l'Armée rouge."
Retour à Berlin
Staline, alors numéro 1 de l'Union soviétique, est mécontent que la reddition ne soit pas signée sur le sol allemand. Il insiste pour que la capitulation soit finalisée à Berlin, où les soldats de l'Armée rouge règnent en maîtres. L'acte de signature est donc répété un jour plus tard dans la capitale allemande. Wilhelm Keitel représente l'ensemble de la Wehrmacht, le général Stumpff l'armée de l'air et l'amiral von Friedeburg la marine. Johannes Hürter, historien à l'institut d'histoire contemporaine de Munich :
"Ce n'est pas l'empire allemand qui a capitulé mais la Wehrmacht. C'est une des curiosités juridiques de cette date."
Des millions d'apatrides et de réfugiés
La fin de la seconde guerre mondiale en Europe ne marque pourtant pas la libération immédiate de tous. Nombreux sont les anciens détenus qui ne peuvent quitter les camps de concentration car ils sont encore trop faibles. L'armée britannique installe d'ailleurs un camp de déplacés dans l'ancien camp de concentration Bergen-Belsen. Johannes Hürter :
"Des millions d'apatrides, de déplacés, de travailleurs forcés, de prisonniers de guerre, de réfugiés, d'anciens détenus des camps errent dans l'ancien Reich allemand, après avoir été contraints par la SS de prendre part aux "marches de la mort". On assiste à de grandes scènes d'émotions, de peur et de violences, mais aussi de fuite, d'expulsions, de privation et de déracinement."
Des horreurs inoubliables
Avec la fin de la guerre vient également le temps du retour sur les horreurs commises durant le IIIème Reich. S'en suit la plus grande vague de suicides de l'histoire allemande. Dans le village de Demmin, par exemple, entre 700 et 1000 personnes se sont suicidées collectivement au lendemain de la capitulation. Florian Huber, s'est penché sur ce phénomène dans son livre « Petit, promets-moi, que tu te tueras.»
"Les motifs de suicides étaient variés. Bien sûr, qu'il y avait la peur de l'ennemi et surtout la peur de l'Armée rouge. Beaucoup se sentaient coupables de leur d'implication, et craignaient du coup ce qui pourrait venir par la suite. Nombreux étaient aussi ceux qui ne pouvaient pas s'imaginer à quoi allait ressembler le monde après ces douze années d'état d'urgence."
Une date symbolique
En Russie, la fin de la seconde guerre mondiale sera célébrée le 9 mai, à cause du décalage horaire. Le traité ayant été signé quelques minutes avant minuit, heure d'Europe centrale, on était déjà le lendemain à Moscou.
Après le 8 Mai 1945, les combats ont continué, notamment dans le Pacifique. C'est la capitulation du Japon, en septembre 1945, suite aux bombardements atomiques de Hiroshima et Nagazaki, au mois d'août, qui marque la véritable fin des hostilités de la seconde guerre mondiale.