1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La CENCO déclenche une tempête politique en RDC

4 janvier 2019

Les résultats de l’élection présidentielle du 30 décembre dernier se font toujours attendre. Pourtant, la Conférence épiscopale nationale du Congo a déjà déclaré qu’elle connaissait le nom du vainqueur.

https://p.dw.com/p/3B3Nl
DR Kongo Präsident Kabila einigt sich mit Opposition
Image : Getty Images/AFP/J. D. Kannah

"Ce que dit la CENCO est vrai"... Boniface Mabanza

L’église catholique a-t-elle vraiment les moyens de connaitre les résultats moins d’une semaine après le triple scrutin du dimanche 30 décembre ? Ce Jeudi 3 janvier, au cours d’une conférence de presse à Kinshasa, le porte-parole de la CENCO, la Conférence épiscopale nationale du Congo, a affirmé "que les données à sa disposition issues des procès-verbaux des bureaux de vote consacre le choix d'un candidat comme président de la République". L’abbé Donatien Nshole a rappelé que la Conférence épiscopale nationale du Congo a déployé 40.000 observateurs répartis sur l’ensemble du territoire national. Elle aurait donc la possibilité d’avoir un aperçu très large des résultats.

Jonas Thiombela-comité laïc de coordination-: "Nous attendons la vérité des urnes"

Une position que soutient aussi le politologue Boniface Mabanza :

"D'après mes informations, la CENCO s'est préparé très sérieusement à faire des formations. Tout le monde a été mobilisé, que ce soient les prêtres ou les catéchistes. C'est vraiment une observation qui s'est faite sur toute l'étendue du territoire national. Je pense que ce qu'elle dit est vrai. Il y a des coins de la République où  ils ont déployé des gens qui sont mobiles avec des véhicules pour récolter les résultats. Ils ont aussi dû se rabattre sur le téléphone et d'autres moyens."

Colère de la majorité présidentielle

La majorité présidentielle, qui soutient la candidature d'Emmanuel Ramazani Shadary, a accusé vendredi la Conférence épiscopale d'avoir une "attitude partisane irresponsable et anarchique" et de "violer gravement la Constitution".

Au cours d’une conférence de presse à Kinshasa, Barnabé Kikaya Bin Karubi, conseiller diplomatique de Joseph Kabila, a estimé que la prise de position de la CENCO "viole gravement autant la Constitution, la loi électorale que la charte de bonne conduite qui imposent aux parties prenantes de ne pas proclamer lesdits résultats, attribution reconnue à la seule Commission électorale nationale indépendante".


Sur nos antennes, Jean-Pierre Kambila, le Directeur adjoint du cabinet de Joseph Kabila, a abondé dans le même sens. Selon lui, "ni la CENCO, ni moi, n'avons le droit de proclamer un vainqueur. Et est-ce que vous pouvez affirmer avec certitude que vous avez les moyens de projeter des résultats lorsque vous ne maitrisez que 25.000 bureaux de vote?"

Jean-Pierre Kambila : "la CENCO n’a pas les moyens de compiler tous les résultats "

Pressions internationales

Dans un communiqué, le service diplomatique de l'Union européenne a lancé un appel à ce que les résultats des élections soient "conformes au vote du peuple congolais".

L’Union européenne estime que la RDC se trouve "à un moment historique vers une transition démocratique". Et Bruxelles se dit "prêt à accompagner ce processus en étroite concertation avec ses partenaires, en particulier onusiens et africains".

Dans la mi-journée, le président de la Commission de l'Union africaine avait estimé dans un message  posté sur Twitter que "le respect des résultats de l'élection était crucial"

Rappelons que le représentant de l'UE en RDC avait été sommé de quitter le pays par les autorités congolaises à la veille  des élections du 30 décembre. Federica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne, avait qualifié la décision de Kinshasa d'"arbitraire" et de "contre-productive".

En attendant la proclamation des résultats provisoires par la Commission électorale, les partisans des trois principaux candidats - Emmanuel Ramazani Shadary, Félix Tshisekedi et Martin Fayulu - revendiquent la victoire. Ce qui laisse planer le risque d’une violente et sanglante contestation post-électorale selon plusieurs analystes.

DW MA-Bild Eric Topona
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona