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La Centrafrique peine toujours à se relever

Carole Assignon8 janvier 2014

La tâche des soldats français de l'opération « Sangaris » reste ardue et très complexe, mais Paris n'envisage pas pour autant l'envoi de troupes supplémentaires en Centrafrique.

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La France entend poursuivre sa mission de soutien aux soldats africains sur place
La France entend poursuivre sa mission de soutien aux soldats africains sur placeImage : MIGUEL MEDINA/AFP/Getty Images

Situation politique et sécuritaire toujours instable, situation humanitaire catastrophique, malgré la présence militaire française en Centrafrique, le pays est toujours en proie à des violences. Selon le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, la France n'enverra toutefois pas de renforts pour appuyer les 1.600 hommes qu'elle a déjà envoyés.

Pas d'envoi de troupes supplémentaires

Les soldats sur place devraient continuer à jouer leur rôle de soutien à la force d'interposition africaine, la Misca, dont l'effectif passera bientôt à 6.000 hommes.

Jean-Claude Allard est spécialiste des questions sécuritaires et directeur de recherche à l'institut de relations internationales et stratégiques en France, il ne cache pas son scepticisme. Pour lui il y a déjà trop peu d'hommes sur place.

« Les troupes africaines ont dit qu'elles doivent monter jusqu'a 6 000 hommes mais rien n'indique que ce sera suffisant. Comment peut-on faire la police ne serait ce qu'au sein de Bangui qui compte presque un million d'habitants avec 1 600 soldats français dont certains doivent garder l'aéroport et qui s'épuisent à faire des patrouilles dans une ville où ils savent qu'à n'importe quel moment on peut leur tirer dans le dos ? L'intervention est arrivée très tard par rapport à la dégradation de la situation. Il y a un début d'enlisement et il n'y a pas non plus de solution politique en vue. La France et la communauté internationale devront, si elles veulent atteindre des objectifs corrects, rester longtemps en Centrafrique. »

Les centrafricains attendaient beaucoup de l'opération sangaris, mais pour le moment la situation securitaire reste toujours instable
Les centrafricains attendaient beaucoup de l'opération sangaris, mais pour le moment la situation sécuritaire reste toujours instableImage : MIGUEL MEDINA/AFP/Getty Images

Une population « déçue »

Quoi qu'il en soit après les ex-rebelles musulmans de la Séléka, les soldats français tentent désormais de désarmer les milices d'auto-défense chrétiennes, les anti-balaka. Une tâche qui ne sera pas des plus aisées. Les milices ont le soutien d'une partie de la population chrétienne majoritaire en Centrafrique. De plus, l'opération survient dans un contexte où certains affichent désormais leur déception en ce qui concerne l'opération Sangaris. Ulrich Delius est responsable Afrique de l'ONG allemande « La société pour les peuples menacés ».

« La population ne se sent pas en sécurité. Ils ont espéré qu'avec une intervention la situation changerait et la paix serait rétablie et ils sont de plus en plus conscients que ce n'est pas du tout le cas. La population se sent de plus en plus en danger parce qu'elle commence par comprendre que ces militaires qui sont venus de l'étranger ne sont pas du tout capables de désarmer les miliciens et de créer vraiment des sanctuaires pour la population civile. »

C'est dans ce contexte que les dix pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale doivent se rencontrer demain à N'Djamena au Tchad pour un nouveau sommet extraordinaire sur la crise centrafricaine.