La chute du Mur de Berlin: une belle surprise
6 novembre 2009« Ah vraiment, c'est à n'y rien comprendre : j'ai assisté à la construction du Mur. Et maintenant, ça y est, plus de Mur ! C'est vraiment dingue!"
« On va boire une bière sur le Ku'Damm, à l'Ouest. Et puis on va rentrer chez nous. Et on peut faire ça autant de fois qu'on veut !"
« C'est formidable, c'est une journée magnifique. Je n'aurais jamais pensé que le Mur tomberait aussi vite. On est vraiment content!"
La joie des Allemands, 28 ans après la construction de ce que les autorités est-allemandes avaient appelé cyniquement la « protection anti-fasciste ». Elle était destinée en 1961 à endiguer le flux massif de fugitifs est-allemands. Depuis la création en 1949 de la RDA, la République démocratique allemande, plus de deux millions et demi de personnes avaient quitté l'Est pour se réfugier en RFA, la République fédérale, à l'Ouest. Le parti communiste décide donc de verrouiller hermétiquement le pays, avec une barrière de béton de 155 km de long, qui entoure Berlin-Ouest.
28 ans plus tard, une conférence de presse surréaliste de Günter Schabowski, membre du bureau politique du PC est-allemand, change la face du monde. Il est presque 19H en ce 9 novembre 1989. L'existence de la RDA est à nouveau menacée, puisque depuis des semaines déjà des centaines d'Allemands de l'Est fuient leur pays, par le biais de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie. Günter Schabowski:
« C'est pourquoi nous nous sommes décidés à trouver un règlement qui permette à tous les citoyens de RDA de sortir du pays par les postes-frontières. »
Une conférence surréaliste de Günter Schabowski
« A partir de quand ? » demande un journaliste italien. Günter Schabowski n'est pas au courant du fait que les autorités de RDA voulaient certes annoncer cette autorisation de se rendre à l'Ouest, mais à partir du 10 novembre seulement. Le porte-parole du gouvernement bafouille, et improvise : « les restrictions sont levées avec un effet immédiat ». Or c'est faux, et les gardes-frontières ne sont au courant de rien.
En cet automne 1989, la Pologne a déjà tourné le dos au communisme. La Hongrie vient de rompre avec le Pacte de Varsovie et a ouvert ses frontières. La Tchécoslovaquie lui emboîte le pas. En Union soviétique, Mikhail Gorbatchev a lancé ses réformes en 1985. Le père de la Perestroika souhaite avancer doucement. Mais l'URSS est à bout de souffle économiquement. Et très vite, il est clair que le numéro un soviétique n'enverra pas de chars, si le Rideau de fer s'effrite. Le 7 octobre 1989, pour les 40 ans de la RDA, Gorbatchev franchit un pas important et prononce à Berlin-Est cette phrase devenue célèbre :
« Celui qui est en retard est puni pour la vie. »
Mais en ce 9 novembre 1989, les réactions des politiques sont encore prudentes juste après la conférence de Günter Schabowski. Helmut Kohl, le chancelier ouest-allemand, est en visite officielle à Varsovie. Il ne veut pas encore montrer sa joie :
«Personne ne peut encore mesurer l'ampleur des conséquences de cette décision, personne ne peut encore savoir quelles mesures seront prises réellement. »
Les langues commencent pourtant à se délier. Jochen Vogel dirige à l'époque le SPD, le parti social-démocrate allemand :
« Cette décision signifie qu'après 28 ans, le Mur n'a plus de fonction. »
Quelques heures après le démantèlement du mur, symbole de la Guerre froide, les dirigeants de l'Ouest parlent au peuple allemand, le soir du 10 novembre, depuis la mairie du quartier de Schöneberg. Parmi les orateurs : Willy Brandt, chancelier de 1969 à 1974, l'artisan de la politique d'ouverture à l'Est :
«J'ai toujours été persuadé qu'un partage par la force, à l'aide de béton et de barbelés, n'allait pas dans le sens de l'Histoire. Berlin va continuer à vivre, le Mur va tomber. »
Et moins d'un an après la chute du Mur de Berlin, le 3 octobre 1990, la Réunification s'opère entre les deux Etats allemands, celui de l'ouest, était issu des secteurs d'occupation des alliés occidentaux, et celui de l'Est qui était, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le secteur d'occupation soviétique.
Auteurs : Carine Debrabandère, Marcel Fürstenau
Edition : Anne Le Touzé