La Compagnie des bauxites de Guinée épinglée dans un rapport
23 juin 2020Les habitants de Hamdallaye en ont gros sur le cœur. Victimes d’accaparement de leurs terres, de la destruction de leur environnement et de leurs moyens de subsistance, ils en veulent à la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG) qui n’aurait pas respecté sa promesse d’une bonne indemnisation.
"On nous a envoyé dans une zone déjà exploitée. Aucune plante ne peut pousser là-bas. Quand il pleut, il y a de l’eau partout, toutes les maisons sont inondées. Nous demandons le respect du pacte établi en 2015", souhaite Lamarana Mamadou Bah, agriculteur à Hamdallaye.
"Le processus d’acquisition de logements biaisé"
Ces conditions de vie difficile sont confirmées par Pascal Tanguiano, directeur du Centre du commerce international pour le développement (Cecide), un des initiateurs du rapport publié. "Nous avons par exemple recensé un cas emblématique : une veuve et ses sept enfants qui n’ont pas de logement. Il n’y a pas de canaux d’évacuation des eaux et les maisons sont inondées. La question des terres de remplacement n’a pas été réglée avec satisfaction. Tout le processus d’acquisition de logements et d’indemnisation a été aussi biaisé", regrette M. Tanguiano.
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Face aux engagements non tenus, ces ONG guinéennes et internationales invitent donc la Compagnie des bauxites de Guinée et ses soutiens financiers, dont la Société financière internationale, filiale de la Banque mondiale, à réparer ce qu’elles qualifient d’injustice et d’atteinte aux droits de l’homme.
"La société minière et la société financière internationale devraient être en mesure d’avoir une obligation de vigilance pour suivre tout le processus d’indemnisation et de réinstallation", poursuit Pascal Tanguiano.
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En 2016, la Société financière internationale avait accordé un prêt de 135 millions d’euros à la Compagnie des bauxites de Guinée en vue de l’aider à intensifier ses activités.
Deux ans plus tard, les habitants des villages de la région de Boké avaient déposé auprès de cette filiale de la Banque mondiale une plainte contre la Compagnie des bauxites de Guinée, pour non-respect des lois nationales et internationales.
Human Rights Watch s’était elle aussi indignée de la situation des populations de cette région.
Pour sa part, la représentation allemande de l’ONG Fian reproche au gouvernement allemand son soutien financier, à hauteur de 293 millions de dollars, à une entreprise peu soucieuse selon elle du respect des droits fondamentaux de l’homme.