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La CPI dans le collimateur de l'UA

Carole Assignon11 octobre 2013

Les pays africains se dirigent-ils vers un réel retrait du statut de Rome, le texte fondateur de la Cour pénale internationale? À la demande du Kenya, l'Union africaine discute de la question à Addis Abeba.

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Un sommet extraordinaire se tient au siège de l'UA à Addis Abeba
Un sommet extraordinaire se tient au siège de l'UA à Addis AbebaImage : Getty Images

Depuis un certains temps déjà, des dirigeants sur le continent africain dénoncent le « traitement injuste » réservé par la Cour pénale internationale à l'Afrique. Et les appels à se retirer du statut de Rome se multiplient, la Cour étant accusée de se livrer à une chasse aux Africains. Depuis sa création, la CPI a inculpé une trentaine de personnes issues du continent.

Attaque en règle contre la CPI

Pour en discuter, un sommet extraordinaire de deux jours se tient donc à Addis Abeba depuis ce vendredi. Une rencontre organisée à la demande du Kenya, dont le président et le vice-président, Uhuru Kenyatta et William Ruto, sont poursuivis par la CPI.

Le procès de William Ruto a déjà commencé à La Haye
Le procès de William Ruto a déjà commencé à La HayeImage : Reuters

L’Union Africaine avait soutenu une demande de Nairobi pour rapatrier au Kenya ou dans la région les procès des deux dirigeants. Elle a également demandé sans succès au Conseil de sécurité de l'Onu d'ajourner les deux procédures. Aussi, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union africaine, est allé droit au but :

« Loin de promouvoir la justice et la réconciliation et de contribuer à la paix et à la stabilité sur notre continent, la cour s’est transformée en un instrument politique. Ce traitement inéquitable et injuste est totalement inacceptable. Pour cette raison nous devons trouver le moyen de convaincre les membres du conseil de sécurité de l’ONU. Nous devons également finaliser le protocole pour la mise en place de la Cour africaine de justice et des droits de l’homme pour empêcher les ingérences extérieures dans nos affaires. »

Une Cour utile pour rendre justice

Le ton est donc donné, mais l’initiative suscite des interrogations. En début de semaine, l'ancien secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, avait estimé que quitter la CPI serait « une honte pour l'Afrique ». En visite à Abidjan, il a réitéré son appel aux dirigeants africains à penser d'abord aux milliers de victimes qui méritent que justice soit faite.

Me Jil-Benoît Afangbedji est avocat au barreau de Lomé et inscrit à la Cour Pénale Internationale. Il ne cache pas son scepticisme :

« La question que je me pose est de savoir si cette cour aura les coudées franches pour pouvoir juger des chefs d’Etat comme par exemple Laurent Gbagbo. Ou bien les chefs d’Etat actuellement en fonction au cas où ils se rendraient coupable d’un crime crapuleux. S’il n’y a pas eu de crime on ne saurait poursuivre quelque Africain que ce soit. Pour nous qui intervenons auprès de cette Cour pénale internationale, se retirer ce serait cautionner l’impunité qui a toujours caractérisé les pays africains. »

Même si le discours de l’Union Africaine pour un retrait semble être sans appel, selon certains diplomates l'organisation ne réclamera pas de retrait collectif ce week-end.

Me Jil-Benoît Afangbedji, avocat au barreau de Lomé