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La fin de l’ère Mugabe

Aude Gensbittel
24 novembre 2017

Le Zimbabwe intéresse les journaux allemands cette semaine, avec la démission du président Robert Mugabe et l’arrivée au pouvoir de l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, surnommé le "crocodile".

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Image : picture-alliance/AP Photo

Robert Mugabe a tout tenté pour rester au pouvoir, écrit la Süddeutsche Zeitung, mais il a fini par reconnaître lui-même, à 93 ans, que son règne était terminé. Il ne lui restait pas d’autre choix. L’armée voulait sa démission et le parlement était sur le point de le destituer. Mais c’est encore loin d’être un nouveau départ pour le Zimbabwe, estime le journal. Son successeur Emmerson Mnangagwa et sa clique ont montré ce que ce changement à la tête du pays était pour eux : une affaire interne, lors de laquelle un criminel corrompu en remplace un autre.

Vers un gouvernement d’union nationale ?

Pour le Zimbabwe, le départ d’un dirigeant qui a dominé le pays depuis son indépendance en 1980 est le début d’un chapitre nouveau et incertain, affirme de son côté die tageszeitung.  Il y a de quoi être sceptique : pendant des années, Emmerson Mnangagwa a fait partie d’un régime violent, jusqu’à ce qu’il tombe en disgrâce aux yeux de la première dame. Mais il s’agit à présent de se tourner vers l’avenir, pas vers le passé. Celui que l’on surnomme le "crocodile" représente une rupture nette avec son prédécesseur, non pas par sa personne, mais par sa manière de prendre le pouvoir. Emmerson Mnangagwa a déclaré qu’il voulait "unir tous les Zimbabwéens dans une nouvelle ère". Une promesse qu’il devra tenir. La formation d’un gouvernement d’union nationale avec l’opposition serait à présent le chemin à suivre pour transformer l’élan de ces derniers jours au Zimbabwe en véritable nouveau départ politique, estime le quotidien.

Simbabwe  Emmerson Mnangagwa
Image : Getty Images/M.Longari

La Frankfurter Allgemeine Zeitung publie un portrait du "crocodile" et rappelle qu’il a participé à la répression de l’opposition, au massacre de la minorité Ndebele et à l’exploitation des diamants en RDC. Cela n’intéressera donc certainement pas le nouveau président de faire la lumière sur les violations des droits humains sous le régime Mugabe. Toutefois le journal voit aussi des points positifs : le nouveau dirigeant souhaite avoir de bonnes relations avec l’Union africaine, l’Europe et les Etats-Unis. Il a annoncé son intention de libéraliser l’économie et de s’attaquer au problème de l’agriculture, qui est dans une situation déplorable depuis l’expulsion des fermiers blancs.

Neues Deutschland publie justement une interview de Heinrich von Pezold, l’un des derniers fermiers blancs encore présents dans le pays. Il évoque une ambiance « euphorique » au Zimbabwe, comme c'était le cas en Allemagne de l’Est après la chute du mur de Berlin. Le fermier espère une renaissance du pays en crise. Car pour lui « tout vaut mieux que Mugabe ».

Migrants en Libye : double morale de l'Europe

Libyen Migration
Image : picture-alliance/dpa

Autre thème qui intéresse les journaux : la dure situation des migrants en Libye, dont certains sont même vendus comme esclaves. die tageszeitung dénonce la double morale de l’Europe en ce qui concerne l’Afrique. Tout le monde connaît les conditions déplorables qui règnent dans les camps et les prisons en Libye : des centaines de réfugiés africains parqués ensemble, sans eau ni nourriture, des personnes qui sont torturées, violées et aussi vendues comme esclaves. Si l’Europe prenait au sérieux ses valeurs, elle ne resterait pas sans rien faire. Quand on finance la formation des forces de sécurité libyennes et l’équipement des garde-côtes, on devrait aussi être capable d’arracher ces gens de la misère dans laquelle ils se trouvent uniquement parce que l’Europe ne les laisse pas entrer légalement.