La justice internationale impuissante face aux puissants
30 avril 2019"Le pouvoir triomphe sur le droit", titre le journal de Munich. Nous sommes dans une période propice pour tous ceux qui ont rêvé de voir la communauté internationale punir les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
"Il existe depuis des années la Cour pénale internationale. Une cour qui a beaucoup d’argent pour traquer les gens dans le monde entier. En plus, l'opinion est au courant des atrocités commises en Syrie, en Irak et dans la péninsule arabique. Des atrocités très souvent condamnées par des politiciens occidentaux", rapporte la Süddeutsche Zeitung.
"Mais force est de constater que le droit international ne reste que sur le papier", regrette le journal. Le quotidien munichois en veut pour preuve le fait que la CPI se soit désistée à mener des enquêtes sur les crimes présumés des soldats américains en Afghanistan, estimant qu’une telle procédure serait "vouée à l'échec".
"Pourtant pendant dix ans, les enquêteurs à la Haye ont rassemblé des preuves dans un rapport décrivant des mauvais traitements infligés à 61 prisonniers par des soldats américains, ainsi que 27 autres cas dans lesquels des Afghans ont été torturés par des agents de la CIA, non seulement en Afghanistan, mais également dans des prisons secrètes en Pologne, en Roumanie et en Lituanie", poursuit la Süddeutsche Zeitung.
Omar el-Béchir : un cas révélateur
Mais il n’y pas que le cas américain qui est révélateur de l’état actuel de la justice internationale. Le journal observe qu’au Soudan, Omar el-Béchir sur qui pèse un mandat d’arrêt international depuis 2009 n’a pas été arrêté même s’il effectuait des visites dans des pays signataires du traité de Rome.
L’Union européenne a même continué à allouer des millions au Soudan en échange de l'arrêt des réfugiés se dirigeant vers l'Europe.
L’Arabie saoudite qui elle aussi enfreint toutes les règles du droit international humanitaire au Yémen n’est pas inquiétée. "Or, Le prince héritier saoudien n'a pas commis moins de crimes que Radovan Karadzic, l'ancien dirigeant des Serbes de Bosnie qui vient d'être condamné à la réclusion à perpétuité à La Haye", conclut la Süddeutsche Zeitung.
Un sommet sur les Balkans
Vingt ans après leur conflit armé, la Serbie et le Kosovo ont accepté hier, lors d'un sommet à Berlin, de reprendre leurs pourparlers.
La Frankfurter Allgemeine Zeitung salue l’initiative d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron car, écrit le journal, "les tensions croissantes entre ces deux pays auraient inévitablement un impact sur tous les pays où vivent une forte population albanaise ou serbe (ou les deux) - en d’autres termes, tous les pays de la région qui ne font pas encore partie de l’Union européenne."
La Tagesspiegel, de son côté, apprécie le fait que l’Allemagne ne soutienne pas un tracé des frontières entre les deux pays en fonction de l’ethnie. "Cela ouvrirait une boite de Pandore pour les autres conflits similaires en Europe", conclut le journal.