1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

L'Afrique du sud attend l'extradition des frères Gupta

8 juin 2022

D’origine indienne, les frères Gupta sont accusés d'avoir pillé le pays sous l’ancien président Jacob Zuma. Deux d’entre eux ont été arrêtés à Dubaï.

https://p.dw.com/p/4CR1Y
Les frères Gupta sont accusés d'avoir pillé le pays avec la complicité de Jacob Zuma
Les frères Gupta sont accusés d'avoir pillé le pays avec la complicité de Jacob ZumaImage : Deckert

Ils sont au nombre de trois. Trois frères d’une même famille, activement recherchés par la justice sud-africaine qui les soupçonne d'avoir pillé pendant près de dix ans l'Afrique du Sud, avec la complicité de l'ex-président Jacob Zuma. Deux d’entre eux, Atul et Rajesh Gupta, ont été arrêtés à Dubaï début juin. Le troisième, Ajay, court toujours.

Un empire financier

C’est en 1993 que les frères Gupta se sont installés en Afrique du Sud, sous l'impulsion de leur père. Le pays était alors en pleine mutation. L'apartheid avait pris fin trois ans auparavant. En Afrique du Sud, les Gupta vont bâtir un véritable empire financier. En 1994, ils créent Sahara Computers, une entreprise informatique avec près de 10.000 employés. Les Gupta sont aussi présents dans plusieurs mines, notamment d'uranium, et possèdent des parts dans des médias progouvernementaux.

Mais, en 2016, à la suite de révélations dans la presse, un rapport sur la corruption est ordonné. Un rapport qui détaille comment les frères Gupta, proches du président Jacob Zuma, ont remporté de lucratifs contrats publics et participé à la gestion des affaires de l’Etat, allant jusqu’à choisir la nomination de ministres et de directeurs généraux. 

Rajesh Gupta à New Delhi en janvier 2018
Rajesh Gupta à New Delhi en janvier 2018Image : Sanchit Khanna/Hindustan Times/imago

Lire aussi → Afrique du Sud, le grand ménage contre la corruption

Pillage du pays

Ils sont accusés d’avoir pillé les caisses de plusieurs entreprises publiques dans divers secteurs, notamment l’électricité, les transports et l’aviation. Selon une commission d’enquête, mise sur pied en 2018, Jacob Zuma, dès le début de son premier mandat, en 2009, "était prêt à faire tout ce que les Gupta voulaient". 

Ces différentes révélations vont contribuer, en 2018, à la chute du président sud-africain, lâché par son parti et poussé à la démission. Les frères Gupta ont quant à eux fui l’Afrique du Sud, pour les Emirats arabes unis. Et c’est là, que deux d’entre eux, Atul et Rajesh, ont donc été arrêtés.

Lire aussi → Zuma, la fin d'un système

Extradition complexe

Cependant, leur extradition vers l’Afrique du Sud pourrait être complexe en dépit d’un accord signé en 2021 entre les deux pays. "Ces affaires ne sont jamais simples, encore moins lorsque les suspects sont riches et qu'ils ont la possibilité d'engager les meilleurs avocats spécialisés", avertit Gareth Newham, spécialiste des questions de justice à l'Institut d'études de sécurité (ISS) de Pretoria. Il estime que "des années" pourraient s'écouler avant de voir les frères Gupta derrière les barreaux. Pretoria a désormais soixante jours pour demander leur renvoi devant la justice sud-africaine. Selon des estimations, quelque trois milliards d'euros de fonds publics auraient été détournés par les Gupta. 

Cyril Ramaphosa est lui aussi dans la tourmente dans une affaire de gros sous
Cyril Ramaphosa est lui aussi dans la tourmente dans une affaire de gros sousImage : Phill Magakoe/AFP/Getty Images

Lire aussi → Afrique du Sud : peine de prison requise contre Zuma

Réactions en Afrique du sud

L'arrestation des deux frères Gupta est saluée en Afrique du sud et constitue sans doute une victoire pour l'actuel président Cyril Ramaphosa qui avait promis d'éradiquer la corruption dans le pays.

Mais le bilan du président apparaît maigre en la matière, car le président est lui-même dans la tourmente. Il est en effet accusé d'avoir dissimulé, en 2020, un cambriolage dans l'une de ses résidences, au cours duquel plus de quatre millions de dollars en liquide auraient été dérobés. Le leader de la gauche radicale, Julius Malema, a appelé mardi au "retrait" du chef de l'Etat le temps de l'enquête sur ce vol.

Lire aussi → La corruption, un frein au développement de l'Afrique

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle