La Libye, tout sauf un lieu sûr
4 juillet 2019Depuis l'accord de 2016 entre l'Union européenne et la Turquie, la route vers l'Europe, qui passait autrefois par les îles grecques, s'est déportée plus à l'ouest. Mais la route de la Méditerranée centrale, pour atteindre l'Italie, est plus dangereuse et désormais, Bruxelles coopère avec les garde-côtes libyens qui interceptent les migrants en mer et les reconduisent dans des centres de détention en Libye.
Le massacre de mardi soir s'ajoute aux cas de meurtres, de tortures et de viols dans les centres de détentions de migrants dans ce pays.
"La Libye n'est pas un endroit sûr", dit Romain Desclous, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour l'Afrique de l'ouest, "il faut que nous trouvions ensemble avec les Etats qui ont une influence, une solution pour l'évacuation des réfugiés et des demandeurs d'asile vers un pays de réinstallation ou hors des centres de détention. Mais aussi des solutions durables pour leur permettre de ne pas avoir à être en détention."
Stopper la coopération avec la Libye
Parmi ces solutions durables pour mettre un terme au calvaire des migrants africains, le politologue Hasni Abidi, spécialiste du monde arabe, cite l'arrêt de la coopération entre les pays de l'Union européenne et les autorités libyennes reconnus par l'ONU.
"Considérer ce pays-là comme un pays dangereux veut dire suspendre les renvois en Libye de certains migrants et aussi ne plus donner cette légitimité aux autorités libyennes."
En dépit de la guerre qui s'éternise en Libye, les migrants d'Afrique subsaharienne continuent de s'y rendre en espérant traverser la Méditerranée.
Le chef du Haut commissariat pour les réfugiés, Filippo Grandi, a quant à lui porté trois messages clés : les migrants et réfugiés ne doivent PAS être en détention, les civils ne doivent PAS être des cibles et la Libye n'est PAS un lieu sûr pour un renvoi" des migrants