La migration africaine vers l'Europe, un mauvais rêve?
6 mars 2015Au cours de la dernière décennie, plus de 60 000 Sénégalais ont tenté la grande traversée, relève la Süddeutsche Zeitung. Et un sur dix n'est pas arrivé vivant sur les côtes européennes de la Méditerranée. L'éditorialiste évoque le cas d'Ivo, un jeune Sénégalais de Ngor au nord de Dakar qui a vécu en clandestin en Espagne …
Autrefois Ivo rêvait d'avoir sa propre maison et une voiture. Il avait adopté le slogan des émigrants "Barca wala Barsax" (Barcelone ou la mort). Aujourd'hui il a perdu ses illusions : "L‘Europe est morte." C'est l'un des slogans d'un mouvement contre la migration illégale et qui prend de l'ampleur. Au Sénégal, des rappeurs, des militants pour les droits civiques et des initiatives de mères et de femmes de migrants disparus en mer sur leurs embarcations de fortune organisent des concerts Hip-hop et des projections de films. Des images et des chants qui impressionnent les gens et font réfléchir. Des films tels que "La Pirogue" de Moussa Touré ou „Le cri de la mer , un documentaire de la Sénégalaise Aicha Thiam, qui montre le combat d'une mère qui a perdu son fils unique dans une pirogue en partance pour les îles Canaries, ont été diffusés à plusieurs reprises à la télévision sénégalaise . Depuis les blessures qu'inflige la migration à la société sénégalaise font l'objet d'un large débat dans le pays.
La Süddeutsche cite Aicha Thiam:"Les élites corrompues ici sont satisfaites quand les jeunes mécontents partent. Car, celui qui émigre ne se révolte pas ! " Quand en 2012, l'ex-président Wade 2012 s'était porté candidat pour un 3ème mandat, pourtant interdit par la constitution, il y a eu des batailles de rue avec plusieurs morts. Et soudain des jeunes qui, peu de temps avant ne voyaient pas d'autre issue que de partir en mer vers l'Europe, scandaient "Y'en a marre !" Le début d'un mouvement de protestation démocratique né dans la rue, et qui même après le départ de Wade , reste présent comme parti d'opposition extra -parlementaire. La naissance aussi d'un nouveau type de Sénégalais, critique envers la corruption et la mauvaise gouvernance, mais aussi auto -critique, prêt à prendre ses responsabilités et à exiger la tenue de promesses politiques…
Autre thème : Le Nigéria et Boko Haram
La lutte des autorités nigérianes contre la secte islamiste Boko Haram: un combat qui n'est pas encore gagné. Au Nigeria pas un jour ne se passe sans que l'armée ne publie des communiqués annonçant des succès remportés contre les djihadistes de Boko Haram, relève la taz, die tageszeitung. "Pourtant, on a bien l'impression que l'armée ne fait que courir après les islamistes : à peine l‘armée a-t-elle repris une localité, que Boko Haram frappe ailleurs. Pourquoi en -est -il ainsi? Parce que l'armée du Nigeria est bien trop politisée, estime la taz. Que les élections parlementaires et présidentielle aient été repoussées du 14 Février au 28 Mars sous la pression des militaires et qu'ensuite le commandement militaire ait dû démentir préparer la mise en place d' un gouvernement d'intérim, cela montre bien que les généraux du Nigeria ont d'autres choses en tête que leur propre incompétence à lutter efficacement contre les islamistes dans le nord- est du pays", conclut le journal…