La Monusco demande une enquête à Goma
26 août 2013Depuis qu'elle est sur place, la Mission de stabilisation de l'ONU est accusée de passivité par la population de Goma, la capitale du Nord-Kivu. À l'origine de la manifestation qui s'est déroulée samedi, la chute d'obus sur un quartier de la ville. Selon les habitants, trois personnes avaient été tuées par la chute de l'obus, trois jours après la reprise des affrontements entre les rebelles congolais du M23 et l'armée gouvernementale. La réaction de la population n'a pas tardé. Des manifestants sont descendus dans la rue pour protester et dénoncer l'inaction de la mission de l'ONU.
La Monusco impopulaire
En fin de semaine pourtant, la Monusco avait annoncé son engagement militaire aux côtés de l'armée congolaise et avait même, bien avant, délimité une zone de sécurité autour de la ville.
Pour Onesphore Sematumba, directeur Information et Plaidoyer de Pole Institute, l'institut interculturel dans la région des Grands Lacs à Goma, le déficit d'information sur les actions de la Monusco serait l'une des raisons de l'impopularité grandissante de la mission auprès de la population :
« L'information réelle sur ce que nous pouvons attendre de la Monusco, de la brigade d'intervention, de la résolution 2098, ce genre d'informations ne sont pas connues du grand public. Lorsque vous n'avez que des bribes d'information, la tendance dans le cas d'espèce où nous sommes désespérés par l'inefficacité de nos propre forces armées, c'est de croire que la fameuse brigade de la Monusco, cela va être la marche triomphale en quelques jours, pour que nous puissions de nouveau jouir de la sécurité. La Monusco est victime d'une sorte de manipulation de l'information ou plutôt de cette sous-information. »
Ouverture d'enquêtes
Du côté de la Monusco, on affirme avoir suffisamment communiqué et on dénonce une manipulation de l'information dans l'intérêt des rebelles. Madnodje Mounoubai est le porte-parole de la mission de l'ONU en RDC :
« Nous avons délimité une zone de sécurité pour mettre la population à l'abri des tirs du M23. Il ne faut pas que cette population se trompe de cible. Nos installations doivent être gardées, cela rentre aussi dans le mandat de la Monusco. Nos installations étaient en fait attaquées par des manifestants. Aujourd'hui, une enquête a été ouverte. La première enquête est conduite par la Monusco et la police nationale congolaise pour déterminer les conditions dans lesquelles les manifestants ont trouvé la mort. La deuxième doit être ouverte par les pays contributeurs de troupes, en l'occurrence les Uruguayens, pour déterminer si ce sont les troupes uruguayennes qui ont ouvert le feu et si elles ont ouvert le feu conformément à notre règle d'engagement. »
Il y a actuellement environ 17.000 Casques bleus en RDC, venus notamment d'Inde, du Pakistan, du Ghana et d'Uruguay.