La Monusco prête à négocier avec les rebelles de l'ADF
18 octobre 2018À en croire Leila Zerrougui, "on ne peut pas vaincre ce groupe actif depuis la fin des années 80, uniquement par les armes." D’où, sa décision d’engager des pourparlers directs avec les responsables de cette rébellion armée. "Cette démarche, elle n'est pas correcte. Parce que l'Etat Congolais est un Etat indépendant et souverain. Et lorsqu’il se pose des antagonismes au sein de cette cité, les autorités gouvernementales ont la pleine mission de pouvoir s'assumer", déclare le politologue Godé Asthwel-Okel, qui estime que ce n’est pas à la Monusco de prendre une telle initiative.
Venus de l’Ouganda voisin, où ils combattent le régime du président Yoweri Museveni, ces rebelles majoritairement musulmans, que Kinshasa qualifie de terroristes, écument l’est de la RDC. Problème : ils n’ont jamais été clairement identifiés, déplore Jackson Bwahasa, responsable du centre d’études juridiques Appliquées basé à Béni-Lubero.
"Depuis 2014, et le début des massacres, que ce soit l'armée, que ce soit la Monusco, personne n'a jamais prouvé l'existence des ADF. On ne sait pas si on va dialoguer avec les gens qu’on n’a jamais identifiés depuis quatre ans, depuis que les massacres ont commencé. Qu'on identifie d'abord le groupe et dès qu'on aura identifié le groupe, on saura avec qui on va dialoguer."
Selon plusieurs témoignages, ces rebelles ougandais bénéficieraient de complicité au sein de l’appareil étatique. "Dans toute guerre, il y a toujours des complicités. L'effort qu'on devra fournir au niveau de la RDC, c'est de pouvoir dépister ou dénicher toutes ces complicités. Que l'ont voit quelles sont les manœuvres sur lesquelles on peut travailler pour bloquer tous ceux qui peuvent entrer dans ce réseau de complicité. Il faut voir comment casser le système qui favorise la complicité", explique l’Abbé David Ngoy Luhaka, spécialiste de la région des Grands Lacs.
Les rebelles ADF-Nalu sont accusés d’avoir tué plusieurs centaines de civils et de 15 Casques bleus dans la région de Beni, depuis le début du mois d’octobre 2018.
Dans la province voisine de l’Ituri, un autre groupe armé fait parler de lui, le FRPI, le Front de résistance patriotique de l’Ituri, á l’origine de nombreuses exactions.