La peur règne dans le nord du Nigeria
5 septembre 2014"Pas un jour ne passe sans que des nouvelles effrayantes ne nous parviennent du Nigeria et du groupe terroriste Boko Haram," relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Rapts, attaques et attentats, les extrémistes continuent de répandre la terreur dans le pays. Dans l'est du Nigeria, la ville de Gwoza et ses alentours sont désormais contrôlés par Boko Haram qui y a proclamé un "califat ".
Le gouvernement du président Goodluck Jonathan, tout comme les responsables militaires au Nigeria essaient de minimiser la menace terroriste. Pourtant, cette menace est omniprésente dans le pays, relève la FAZ, qui cite Mohammed Muntaqa Ahiwa, correspondant de la Deutsche Welle au Nigeria. Tout comme un grand nombre de ses compatriotes, Ahiwa ne fait plus confiance aux autorités. "Au moindre bruit, les gens sursautent, hantés par la peur d'un attentat terroriste, dit-il.
La FAZ estime que les journalistes ont toutes les raisons d'être sur le qui-vive. D'un côté, les gens au Nigeria veulent savoir comment est la réalité dans le pays. De l'autre, faute d'une presse indépendante, les Nigérians sont de plus en plus dépendants des informations que leurs livrent les médias internationaux tels que la Deutsche Welle.
Liberté de presse réduite
La FAZ relève que c'est la raison pour laquelle le nouveau directeur général de la Deutsche Welle, Peter Limbourg, veut renforcer la pertinence des informations diffusées par la radio internationale allemande en envoyant deux correspondants supplémentaires au Nigeria et qui seront basés à Lagos, la seconde ville du pays.
Le journal souligne aussi que plus le groupe terroriste Boko Haram étend son emprise au Nigeria, et plus les conditions de travail pour les reporters deviennent difficiles. Trouver un équilibre et la vérité entre les communiqués officiels gouvernementaux et les rudes méthodes d'information des chefs de Boko Haram, qui, sous le couvert de l'anonymat, font tout pour que l'on parle de leurs actions, c'est là la difficile tâche que doivent assumer les journalistes sur place, conclut la FAZ
Situation bloquée au Mali
La Süddeutsche Zeitung se penche, elle, sur un autre pays du continent africain confronté à de sérieux problèmes : le Mali. Malgré l'intervention française, malgré la présence de l'ONU, malgré quelques 140 instructeurs de la Bundeswehr, l'armée allemande, la situation au Mali est plus bloquée que jamais, relève le journal. Avec l'échec de son offensive sur Kidal en mai dernier, le pouvoir malien s'est mis dans une situation inextricable. Le gouvernement à Bamako n'exerce plus pratiquement aucun contrôle sur le nord du pays. Son armée s'est révélée incapable de s'y imposer.
L'accord de paix signé le 23 mai sous la médiation de l'Union Africaine fixait l'engagement de chaque partie en conflit à rester à l'endroit où elle se trouvait au moment de la signature de l'accord. Depuis, l'armée malienne ne peut plus faire aucun mouvement dans le nord sans que cela soit considéré comme une atteinte à cet accord.
La plupart des soldats gouvernementaux sont casernés depuis dans des camps de l'ONU et apparemment contents de jouir de cette protection face aux belliqueux combattants touareg.
Ce n'est pas là le changement que les Français espéraient apporter lorsqu'ils ont lancé l'offensive contre les rebelles islamistes en janvier 2013, souligne le journal.
Frontières diffuses entre groupes rebelles
Nombreux sont les combattants qui passent d'un camp à l'autre, des rangs des islamistes aux rangs du MNLA et vice-versa. Certains sont même tour à tour actifs dans différents camps. Ils se rasent la barbe ou bien la laissent pousser et retournent leurs vestes à l'occasion !
Pour la mission onusienne Minusma, comme pour les Français, il est souvent impossible de distinguer qui est qui et quels sont ceux qui se cachent derrière tel ou tel attentat. Même des représentants de l'Etat malien se plaignent fréquemment de ne pas savoir avec qui ils sont réellement en train de négocier !
L'un des problèmes essentiels à la base de plusieurs rébellions touareg au cours des dernières décennies demeure d'actualité, écrit la Süddeutsche: c'est le sous-développement économique du Nord. Et la crise qui perdure depuis 2012 n'a fait qu'empirer la situation, conclut l'éditorialiste.
"Seule une action massive et rapide pourra stopper l'épidémie d'Ebola"
Face à l'épidémie d'Ebola, l'hebdomadaire de Hambourg Die Zeit estime que le monde entier doit aider, rapidement et massivement. Attendre et voir comment l'épidémie se terminera d'elle-même n'est pas la solution: déjà des miliers de personnes ont contracté la fièvre. Et le virus est en constante mutation. Jamais jusqu'ici, il n'avait eu l'occasion de s'adapter sur une aussi longue période sur les humains. Personne ne sait quand ni où des mutants de ce virus apparaîtront, qui seront alors peut-être difficiles à identifier ou encore plus contagieux !
Jusque là, le monde en dehors de la région de crise était surtout occupé à assurer sa propre protection. L'OMS s'est retirée provisoirement des régions les plus touchées, après que plusieurs de ses collaborateurs ont contracté le virus. Des pays voisins ont fermé leurs frontières. Des liaisons aériennes vers la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone ont été annulées.
On ne peut pas isoler des Etats entiers !
Die Zeit rappelle qu'un premier cas présumé d'Ebola a déjà été signalé au Sénégal, une destination touristique de choix pour les Européens. Le Mali est étroitement lié sur le plan économique à son voisin, la Guinée; 1,8 million d'habitants de la capitale Bamako ne vivent qu'à une centaine de kilomètres de la zone contaminée où est apparu le virus. Si le virus continue de se propager en Afrique, en Europe aussi il pourrait bientôt y avoir des cas d'Ebola. C'est pourquoi une aide rapide et massive à l'Afrique de l'Ouest n'est pas seulement un devoir d'humanité. C'est aussi la meilleure prévention pour le reste du monde, conclut Die Zeit.