La politique se mèle des relations communautaires au Tchad
6 mai 2016Il ya une semaine déjà, plusieurs candidats malheureux à la dernière présidentielle ont accusé ouvertement le pouvoir d’attiser le conflit Nord-Sud, qui est à l’origine des guerres fratricides que le pays a connues dans les années 70. Sur la toile, certains internautes ont à leur tour accusé l’opposition d’avoir armé de machettes ses partisans, avec pour objectif de s’en prendre aux musulmans, considérés comme étant proches du régime d’Idriss Déby Itno, lui aussi musulman.
Écoutez le reportage à N'Djaména de Blaise Dariustone, en cliquant sur l'image ci-dessus.
Rappelons qu'au Tchad, le Conseil constitutionnel a confirmé dans la nuit de mardi à mercredi la réélection pour un cinquième mandat du chef de l'État sortant, Idriss Déby Itno. Pour protester contre cette réélection, les candidats malheureux de l’opposition ont appelé les tchadiens à une journée ville-morte hier, jeudi 05 mai. Ce mot d’ordre n’a pas été bien suivi à N’Djaména, contrairement à Léré, le fief de l’opposant Saleh Kebzabo, où les élèves sont descendus dans les rues.
La foule de jeunes a saccagé tout les lieux en lien avec le MPS, parti du président élu Idriss Déby, notamment le domicile du porte-parole du parti, Jean-Bernard Padaré, natif de Léré. Une force mixte composée d'agents de la gendarmerie, de la police et de gardes nomades, dépêchée sur les lieux, n'a pas hésité à ouvrir le feu sur les manifestants. Des sources contactées par notre correspondant sur place parlent d'au moins un mort et de plusieurs blessés, dont cinq graves, admis à l’hôpital. En ce moment, c'est la chasse aux sorcières des militants de l'UNDR, à Léré comme à Tikem, sous couvre feu jusqu'à 5 heures demain matin.