La politique stratégique allemande en Afrique
31 janvier 2014Davantage de responsabilités pour la solution de crises internationales, et notamment sur le continent africain. Une annonce qui répond à une vieille requête des pays partenaires et alliés de l'Allemagne.
Une renaissance de la politique étrangère allemande?
Peut-être. Certains observateurs constatent un changement de cap à Berlin. Au ministère des Affaires étrangères, le nouveau ministre social démocrate Frank Walter Steinmeier semble plus ouvert à l'idée d'une participation plus importante de l'Allemagne que son prédécesseur, le libéral Guido Westerwelle. Ce dernier excluait catégoriquement l'envoi de soldats, du moins d'unités de combats en terre étrangère. Le nouveau chef de la diplomatie allemande Frank Walter Steinmeier n'est pas non plus un va-t-en guerre, mais vu le poids grandissant de l'Allemagne en Europe, il veut se montrer plus flexible:
« Je suis pour une politique réservée sur le plan militaire et je l'assume. Mais je dis aussi que cela ne signifie pas pour autant que se tenir à l'écart est pour nous un principe. Notre rôle, notre responsabilité, nos contributions sont demandées. »
Il faut dire que l'Allemagne n'a pas été jusque là totalement absente du continent africain. Depuis quelques années des soldats allemands sont en mission sur ce continent ou au large de ses côtes. La marine allemande participe ainsi à la mission anti piraterie de l'UE, Atalante, à la Corne de l'Afrique. La Bundeswehr a aussi quelques observateurs militaires et officiers de liaison au Soudan, au Congo ou au Sahara occidental. Sans oublier le Mali où quelques 180 instructeurs allemands participent à la formation des forces de sécurité maliennes. Berlin veut maintenant augmenter leur effectif à 250 instructeurs. Et l'Allemagne envisage de fournir un soutien au moins logistique aux alliés engagés en République centrafricaine. Toutefois les responsables allemands excluent une participation militaire directe dans ce pays.
Pourtant une stabilisation de l'Afrique est dans l'intérêt de ce continent comme dans celui de l'Europe. Une Afrique instable, avec des foyers de crise aigue et des catastrophes humanitaires, cela signifie aussi un grossissement des flux migratoires vers l'Europe. Et selon Hans- Peter Bartels, président de la commission de Défense du Bundestag, le parlement allemand, il est clair qu'à l'avenir l'Allemagne et l'Europe doivent réagir aux crises en Afrique et ne pas attendre une aide extérieure :
« Face à des conflits et des guerres civiles que l'on ne peut pas ignorer, cela ne nous servira à rien de compter sur les Américains ou les Chinois... Ce sont les Européens qui doivent venir à l'aide de leur continent voisin.»
Mais jusqu'ici la participation militaire allemande reste limitée comparée par exemple à celle de la France. Il faut dire qu'une majorité de la population allemande est opposée à un engagement plus important de la Bundeswehr hors de ses frontières et notamment en Afrique. Pourtant la nouvelle coalition gouvernementale à Berlin devra redéfinir sa stratégie dans ce domaine…
La 50e conférence de Munich sur la sécurité qui se tient ce week-end à Munich dans la capitale bavaroise, sera l'occasion pour Berlin et ses alliés de discuter d'un rôle militaire accru de la République fédérale d'Allemagne dans le monde.