La politique, une affaire de stratégie
16 décembre 2013Ce fut un accouchement difficile, commente Die Welt. Le bébé qui est sorti est bien dodu, mais il n'est pas beau. Angela Merkel, qui s'était jadis posée en réformatrice pour briguer la chancellerie, fait preuve de peu d'originalité. Le quotidien regrette surtout le manque de nouvelles têtes dans le camp conservateur, ainsi que la moyenne d'âge des ministres de la CDU, supérieure à 50 ans.
La Süddeutsche Zeitung salue l'exploit du chef du SPD, Sigmar Gabriel. À l'aube de la grande coalition, ce n'est plus l'échec des sociaux-démocrates aux élections du 22 septembre qui reste en mémoire, mais le succès de la consultation des militants du parti. Sigmar Gabriel et son équipe ont réussi à changer la paille en or. Comme les Chinois, les sociaux-démocrates allemands ont réussi à se poser sur la lune. Leur lune à eux, c'est la grande coalition.
Des « surprises » dans le nouveau cabinet Merkel, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung à propos du choix d'Ursula von der Leyen comme ministre de la Défense. Un portefeuille qui peut servir de tremplin, note le quotidien. Von der Leyen confirme ainsi ses ambitions : après avoir tenté d'être la première présidente fédérale, elle devient la première ministre de la Défense. Et pourrait bien devenir la deuxième chancelière. Le patron du SPD, Sigmar Gabriel, sait désormais qui sera probablement son adversaire lorsque Merkel rendra son tablier. Cela dit, la coalition gouvernementale va d'abord devoir montrer en quoi elle est « grande », exceptée par son nom.
Angela Merkel a dû céder six ministères au SPD, remarque die tageszeitung. Une pilule sans doute difficile à avaler après sa victoire électorale quasi-absolue. Et quel triomphe pour Sigmar Gabriel, le super-cerveau... En apparence seulement. Car le vrai coup de maître, selon la taz, c'est d'avoir nommé Ursula von der Leyen à la Défense. Et pour que cette dernière ne s'emballe pas, Angela Merkel la stratège met un concurrent direct sur son chemin : Thomas de Maizière, qui devient ministre de l'Intérieur, lui aussi potentiel successeur de la chancelière. Ainsi, Angela Merkel obtient exactement ce qu'elle souhaitait : poursuivre sa politique et confirmer son image de modernisatrice. Une fois encore, conclut la taz, la chancelière tient le haut du pavé.