La rue ne lâche rien au Bélarus, malgré les arrestations
13 août 2020Le gouvernement bélarusse a annoncé jeudi l'arrestation de quelque 700 manifestants la veille. Et ce au quatrième jour d'une contestation populaire avec des milliers de personnes qui manifestent dans le pays contre la réélection du président Alexandre Loukachenko.
Les heurts avec les forces de l’ordre ont d’ailleurs causé la mort d’au moins deux personnes.
Le président bélarusse a été réélu avec 80% des voix contre 10% pour sa rivale, Svetlana Tikhanovskaïa. Mais les manifestants voient dans cette victoire une nouvelle fraude électorale.
Inquiétude à l'international
Les 700 manifestants interpelés à travers le pays portent à plus de 6.700 le total des arrestations depuis dimanche soir. Un chiffre qui inquiète l’Onu.
"Nous sommes très préoccupés par le grand nombre de personnes arrêtées. Cela suggère qu'il y a eu une tendance aux arrestations massives, ce qui serait une violation des droits de l'Homme. Nous sommes très inquiets et ce que nous demandons, c'est que ceux qui pourraient avoir été détenus illégalement soient libérés immédiatement", a indiqué Liz Throssel, la porte-parole du Commissaire onusien pour les droits de l’Homme.
Les Etats-Unis et l'Union européenne ont aussi dénoncé les fraudes électorales et la répression en cours. Bruxelles menace par ailleurs Minsk de sanctions économiques.
Du côté du ministère bélarusse de l’Intérieur, on estime que "le niveau d'agressivité à l'égard des forces de l'ordre reste élevé", affirmant notamment que 103 policiers avaient été blessés, dont 28 sont hospitalisés.
Après 26 ans de règne à la tête du Bélarus, la nouvelle réélection d’Alexandre Loukachenko semble donc être celle de trop pour de nombreux Biélorusses qui souhaitent l’avènement un changement politique. C’est ce qu’explique Dimitri, un manifestant : "La mentalité des gens a changé depuis 26 ans. Et elle a changé encore plus la semaine dernière. Nous avons jeté un nouveau regard sur tout, sur nous-mêmes, sur l'Etat, sur le pays".
L'opposante Svetlana Tikhanovskaïa, 37 ans, est censée être la figure du changement. Mais elle ne s'est pas exprimée depuis mardi quand elle a annoncé son départ précipité pour la Lituanie.
Un départ précédé de menaces, selon ses partisans, après avoir été retenue durant des heures par les forces de sécurité lundi.
Ce n'est pas la première fois que les élections sont contestées dans le pays. Un précédent a eu lieu en 2010, à la suite de l’élection présidentielle et les manifestations avaient été aussi réprimées.