Raids aériens russes en Syrie
2 octobre 2015Un thème domine la Une de la plupart des journaux allemands ce jeudi: les opérations militaires de la Russie en Syrie.
Pour le quotidien Die Welt, " L'intervention de Moscou est une déclaration de faillite pour l'Occident qui a toujours tenu de grands discours sur la Syrie et tracé des lignes rouges que le président Bachar al Assad ne devait pas dépasser. Pourtant à chaque fois qu'Assad a franchi ces lignes rouges, rien ne s'est passé. L'Occident a toujours été hésitant, lâche même parfois, mesuré à ses paroles. Cela fait le jeu de Vladimir Poutine. Ses pilotes et ses livraisons d'armes à Assad ne stopperont pas la fuite des Syriens hors de leur pays, mais l'amplifieront encore ! "...
La Frankfurter Allgemeine Zeitung fait une autre analyse : "La raison des opérations militaires russes en Syrie est la suivante: il y va de la défense de la Russie. L'argument selon lequel il est préférable de combattre l'Etat Islamique en Syrie plutôt que d'avoir affaire plus tard à des miliciens de l'Etat Islamique sur son propre sol, pourrait aussi être avancé par des responsables de l'alliance occidentale contre la milice terroriste. En Russie, cet argument a encore plus de poids qu’ailleurs, souligne le journal de Francfort, car au cours des vingt dernières années, aucun autre pays non-musulman, n’a connu autant d'attentats terroristes islamistes. "
Toujours à propos de la Syrie, la Süddeutsche Zeitung écrit: "le dirigeant syrien Bachar al -Assad diffame volontiers tous ceux qui le combattent en les qualifiant de "terroristes". Cela lui suffit pour qu'il bombarde les civils dans les zones contrôlées par l'opposition armée. Il est à craindre que Moscou le rejoigne dans cette logique cynique, poursuit le journal de Munich. Vladimir Poutine semble avoir une vision en noir et blanc : pour lui en Syrie il n'y a qu'Assad ou bien L'Etat Islamique. Depuis longtemps, Assad se concentre sur l'élimination des rebelles les plus modérés. Il veut à tout prix se maintenir au pouvoir et la Russie veut renforcer sa position au Proche Orient. Mais, assure le journal, il ne pourra le faire dans une Syrie d'après-guerre qui ne serait pas contrôlée par Assad et ses sbires!"
Enfin, le quotidien Badische Zeitung estime que si ce que les opposants syriens supposent est vrai, à savoir que les frappes aériennes russes ne visent pas avant tout les terroristes de l'Etat Islamique, mais tous les opposants à Assad, alors l'exode de Syriens vers l'Europe s'amplifierait encore.Et les relations déjà tendues entre la Russie et l'Occident se détérioreraient encore un peu plus. De sombres perspectives!", conclut le journal.