La réponse de Mugabe au pasteur Mawarire
20 juillet 2016"S’il n’est pas content, il n’a qu’à quitter le pays". Voici en substance le message adressé par Robert Mugabe au pasteur Evan Mawarire. Par ses vidéos de protestation publiées sur internet, ce dernier a en effet co-déclenché les mouvements sociaux qui secouent le Zimbabwe depuis plusieurs semaines. Aujourd'hui, plusieurs milliers de partisans du chef de l'Etat se sont réunis à Harare, pour lui marquer leur soutien.
Un agent à la solde de l'étranger...
Le président zimbabwéen n’a jamais eu la langue dans sa poche. Alors quand Robert Mugabe parle de sa bête noire actuelle, il ne mâche pas ses mots pour accuser le pasteur militant d’être à la botte de pays étrangers :
"Tous ces Mawarire, là… je ne le connais même pas, ce Mawarire… En tout cas, tous ceux qui, comme lui, croient pouvoir vivre dans notre pays, eh bien je leur dis qu’ils ne font pas partie de notre société. Et s’ils ne veulent pas vivre avec nous, laissez-les partir dans ces pays qui les soutiennent. Voilà."
... ou un citoyen lassé des privations?
Le pasteur Mawarire se trouve actuellement en Afrique du Sud. Le chef de l’Etat l’accuse d’inciter ses concitoyens à recourir à la violence, de vouloir destabiliser le Zimbabwe. L’opposant, lui, prétend qu’il ne fait que constater tout ce qui va mal dans son pays, dirigé d’une main de fer par Robert Mugabe, président depuis bientôt 30 ans :
"Je n’ai besoin de personne pour me dire que j’ai faim. Ou pour me dire que le système éducatif ne fonctionne pas. Je le vois chaque jour. C’est ma vie au quotidien. Mais nous avons surmonté notre peur. L’objectif de ma campagne, ThisFlag, était que de plus en plus de Zimbabwéens s’élèvent, sans crainte, pour faire passer notre message."
Écoutez Evan Mawarire s'exprimer dans la vidéo ci-contre. De grands mouvements de grève dénoncent l’aggravation de la crise économique dans le pays, où l’Etat peine à payer ses fonctionnaires. La semaine dernière, les soldats n’ont pas reçu leur solde. Le pouvoir négocie avec les centrales syndicales pour s’accorder sur des jours de paiement pour juillet, dans l’espoir de faire retomber le mécontentement social.
Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial a décrété un niveau d'extrême urgence pour l'Afrique australe. Le PAM dit avoir besoin de 204 millions de dollars immédiatement pour acheminer de l'aide alimentaire aux 18 millions de pesonnes qui ont faim dans la région. Les pays les plus touchés sont au nombre de sept: le Lesotho, Madagascar, le Mozambique, le Swaziland, la Zambie, le Malawi... et le Zimbabwe.