La société civile nigérienne défie le gouvernement
16 avril 2018L'arrêté portant interdiction de la manifestation ne les a pas découragés. Des citoyens nigériens sont passés outre et sont donc sortis ce dimanche (15.04.) exprimer leur hostilité contre la loi des finances 2018. Selon les organisations de la société civile, cette interdiction est illégale car la constitution nigérienne garantit le droit de manifester.
A défaut de se regrouper sur le lieu de rencontre prévu et qui était occupé par les forces de l'ordre, les manifestants ont pris position sur plusieurs axes et carrefours de la capitale où ils ont érigé des barricades et brûlé des pneus. Quelques actes de vandalisme ont également été rapportés. Des échauffourées ont éclaté lorsque les forces de l'ordre ont tenté de disperser les marcheurs à coups de gaz lacrymogènes.
La société civile déterminée
Maïkoul Zodi du collectif "Tournons la page", rappelle l'objectif de la manifestation qui vise selon lui, à dire "non à cette loi de finances, non à cette façon de gouverner en muselant la société civile."
L'activiste dénonce un régime de "pensée unique" et confie à la Deutsche Welle sa détermination : "nous n'avons pas peur d'aller en prison, nous n'avons pas peur d'exprimer notre opinion. Nous sommes prêts effectivement à aller en prison au nom de nos opinions, nous sommes prêts effectivement à défendre la démocratie et restaurer la démocratie au Niger, quoi qu'il advienne."
Des arrestations
A l'issue de la manifestation, la police a procédé à trois arrestations dans les rangs des responsables de la société civile dont Maikoul Zodi qui a été interpellé quelques instants après son interview avec le correspondant de la DW.
Pourtant, le mouvement va se poursuivre selon Moukaila Halidou de l'ONG "Publiez ce que vous payez". Lors d'une précédente manifestation, il y a eu 28 interpellations dont celles des principaux responsables de la société civile. "Cela ne nous a pas empêchés de continuer", lance Moukaila Halidou avant de poursuivre : "ils ont arrêté plusieurs personnes, ils vont continuer à le faire mais à chaque fois, il y aura aussi d'autres personnes qui vont continuer ce mouvement. Ce n'est pas le mouvement d'une ou de deux personnes. C'est un mouvement social, c'est un mouvement du peuple nigérien. Ils ne peuvent pas aujourd'hui arrêter les 18 millions de Nigériens que nous sommes!"
Les services nigériens de sécurité gardent toujours Nouhou Arzika du Mouvement patriotique pour une citoyenneté responsable, Ali Idrissa, coordonnateur du Réseau des organisations pour la transparence et l'analyse budgétaire et Moussa Tchangari, de l'Ong Alternative espace citoyen. Tous sont incarcérés dans différentes prisons situées hors de la capitale Niamey. Depuis, les défenseurs des droits de l'homme demandent leur remise en liberté.