La Somalie va devoir patienter
20 août 2012Depuis la chute de Siad Barré en 1991, la Somalie est rongée par la guerre civile. Les députés ont réclamé la protection de l'ONU pour se réunir afin d'élire un président, mais, faute de disposer d'une assemblée effective, le scrutin a été reporté sine die. Les Somaliens doutent du rétablissement prochain de la paix et de la sécurité dans leur pays.
Une diaspora importante au Kenya
Dans le quartier d'Eastleigh, à Nairobi, ils sont nombreux. La plupart d'entre eux ont fui la guerre dans leur pays, pour recommencer leur vie à zéro au Kenya voisin. C'est ici qu'Abukar Sheikh Ali a ouvert son hôtel début juillet, le "Bin Ali". Une grande bâtisse, avec 114 chambres. En Somalie, à Mogadiscio, sa famille possédait un établissement encore plus grand, mais il a été détruit dans des combats par les troupes éthiopiennes.
La famille Ali a également investi à Djibouti, à Dubai, au Somaliland, au Soudan du Sud et en Ouganda. Leurs affaires sont florissantes partout, sauf chez eux, dans la capitale somalienne. Abukar Sheikh Ali explique que seuls les quartiers autour de l'aéroport de Mogadiscio sont sécurisés. Dans les autres, les milices islamistes shebabs continuent de perpétrer régulièrement des attentats:
"La sécurité ne pourra revenir à Mogadiscio et en Somalie que lorsque les gens trouveront du travail et ne seront plus obligés de gagner leur vie en s'engageant dans des milices. Cela suppose que des entreprises viennent s'installer dans le pays et y créent des emplois. Pour le moment, seuls 5 à 10% de la population touche un salaire, 95% des Somaliens sont au chômage. Pas étonnant que la sécurité laisse à désirer."
Scepticisme mâtiné de réalisme
La plupart des Somaliens de Eastleigh sont sceptiques quant à la capacité des autorités post-transition de restaurer la paix. Emmanuel Kisangani, chercheur à l'Institut d'Etudes sur la Sécurité à Nairobi, se montre lui aussi prudent.
"Les membres des autorités de transition vont essayer de se vendre sous une nouvelle étiquette pour rester au pouvoir. Il est très vraisemblable que le nouveau gouvernement soit composé à peu près des mêmes personnes que celui de transition. Pourtant, on sait à quel point ces gens sont corrompus."
Abukar Sheikh Ali veut malgré tout garder espoir et il se dit que, même si les futurs dirigeants ne sont pas à la hauteur des attentes des Somaliens, un nouveau gouvernement vaut mieux que pas de gouvernement du tout.