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La tenue des élections sénatoriales fait réagir au Togo

Noël Tadégnon
30 décembre 2024

Les élections sénatoriales auront lieu le 15 février 2025. Une partie de l'opposition annonce qu'elle n'y participera pas.

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Les électeurs Togolais sont appelés aux urnes le 15 février 2025
Pour la première fois, le Togo va se doter d'un SénatImage : Emile Kouton/AFP

Les candidats aux élections sénatoriales qui ne l'ont pas encore fait, ont jusqu'au 7 janvier, pour déposer leur dossier.

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a réaménagé la période de dépôt des dossiers à la suite du report au 15 février, des élections sénatoriales.

C'est la toute première fois dans son histoire, que le Togo va se doter d’un Sénat, une chambre haute prévue de longue date, mais jamais concrétisée jusqu’ici.

C’est la date du 15 février 2025 qui a finalement été retenue pour le déroulement des sénatoriales.

Un décret portant réaménagement du calendrier électoral a été adopté le vendredi (27.12.24) en Conseil des ministres.

Yawa Kouigan, ministre de la communication et des médias et porte-parole du gouvernement explique, que ce report a été décidé, "en vue de permettre aux acteurs politiques de mieux s’organiser pour participer à ces élections qui se tiennent pour la première fois dans notre pays".

L'opposant Maître Paul Dodji Apévon estime que le Togo n'a pas besoin d'un Sénat
L'opposant Maître Paul Dodji ApévonImage : DW/E. Topona

Avant le report, des partis politiques avaient déjà annoncé qu’ils ne participeraient pas aux sénatoriales. Un avis qu'ils ne comptent pas changer.

"Non, on n’ira pas. C’est un non-événement pour nous. Nous n’avons pas besoin d’un Sénat au Togo. C’est un contre-sens. Compte tenu des réalités économiques que nous avons aujourd’hui dans le pays, on peut, au moins, comprendre qu’on n’a pas besoin de Sénat", déclare le président du parti d'opposition Forces démocratiques de la République (FDR), Maître Paul Dodji Apévon.

Boycott sans impacts

Selon Emmanuel Tommy de l’Union des forces du changement UFC, un boycott n’entraînera aucune conséquence sur le paysage politique togolais et sur les institutions de la Vᵉ République.

"Qu'on aille aux élections ou pas, que l'opposition participe aux élections ou pas, le pouvoir va organiser les élections. Et donc, agir pour pouvoir participer aux prochains débats politiques, c'est le plus important. C'est vrai que le Togo traverse un moment difficile, la pauvreté a pris de l'importance", soutient Emmanuel Tommy.

Manque de pertinence

Des membres de la société civile et des analystes ne voient de leur côté aucune pertinence pour la création d'un Sénat dans le contexte économique actuel du Togo.

"On peut aussi se poser des questions s'il faut dépenser pour un nouveau Sénat. Il me souvient que l'une des raisons qui ont soutenu le passage à un régime parlementaire, c'est que cela permettrait de ne pas dépenser pour des élections présidentielles qui seraient coûteuses. Il y a des défis économiques non négligeables dans certains fonds. J'ai des doutes sur la pertinence et l'opportunité des dépenses qui seront effectuées pour l'installation et le fonctionnement d'un Sénat", argumente Divin Aymard, directeur exécutif du Centre de documentation et de formation sur les droits de l'homme au Togo.

D'après la nouvelle Constitution adoptée en avril, 2/3 des sénateurs sont élus par les conseillers municipaux et régionaux. Le dernier tiers étant nommé par le président de la République.

Le Sénat organisera deux sessions régulières de trois mois chaque année : en avril et en octobre. Il comptera un total de 61 membres. 41 représentants sont élus par un suffrage indirect pour une durée de six ans, grâce aux voix des grands électeurs : les conseillers régionaux et locaux. Le président Faure Gnassingbé nomme les 20 autres.

Les explications de Noël Tadégnon,à Lomé

Les élections sénatoriales ont lieu dans 39 districts électoraux. Pour être éligible, les candidats doivent avoir au moins 35 ans, détenir tous leurs droits civils et politiques et résider au Togo depuis un minimum de six mois.

Les sénateurs ont la charge d'examiner en première instance les projets de loi avant de les transférer aux députés pour leur adoption.

Les sénateurs et les députés réunis en Congrès, et non plus le peuple, élisent le président de la République du Togo.

 La mise en place du Sénat est l'une des dernières étapes du passage effectif à la Ve République, après la promulgation d'une nouvelle constitution en mai 2024.

Vue aérienne sur Lomé
Noël Tadégnon Correspondant au Togo pour le programme francophone de la Deutsche Welletadegnon