La tournée du ministre allemand en Afrique critiquée
23 août 2018Le ministre allemand du développement en voyage en Afrique. Gerd Müller s'envole ce jeudi pour le continent depuis l'Allemagne. Il sera dès ce 23 août au soir avec le ministre des Affaires étrangères érythréen à Asmara. Le début d'une tournée de plus d'une semaine. Suivront des visites en Ethiopie, au Mozambique, au Botswana, au Zimbabwe, au Tchad et enfin au Ghana jeudi prochain. Sept pays où il sera question de développement, de migration et de partenariats avec l'Allemagne.
Gerd Müller sera d'ailleurs aussi siège de l'UA à Addis Abeba le vendredi 24. Il doit aussi s'entretenir avec Idriss Déby au Tchad mercredi prochain avant d'être rejoint au Ghana par la chancelière Angela Merkel pour un entretien avec le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, le lendemain.
Balance commerciale déficitaire
Début août, le ministre prônait déjà le libre-échange entre l'Afrique et l'Europe. Aujourd'hui, il veut des "réformes pour améliorer le commerce entre les deux continents". Mais ces déclarations et sa politique sont critiquées. Selon certains économistes, il serait naïf de parler aujourd'hui de faire tomber les barrières douanières entre l'Allemagne ou l'Europe et l'Afrique. Tout cela existe déjà. Sauf que le commerce ne se fait bien souvent qu'au profit des pays du Nord. Et la tendance s'accentue.
"La raison pour laquelle l'Afrique a moins exporté en Europe au cours des trois ou quatre dernières années est principalement due à la chute des prix des produits de base : les prix agricoles ont baissé, les prix du pétrole et du gaz ont baissé et donc la balance commerciale des pays africains avec l'Europe est devenue plus négative", explique l'économiste allemand de l'université de Leipzig, Robert Kappel.
Le problème du France CFA
Les subventions dans le domaine agricole en Europe sont aussi un frein important pour les produits agricoles africains. Ils ne peuvent être compétitifs car ils ne sont pas subventionnés.
Obstacle aussi, le Franc CFA dont n'a pas parlé Gerd Müller jusqu'à présent. Il déséquilibre aussi les échanges selon Robert Kappel. "Le CFA est un vestige colonial de l'ancienne domination coloniale française sur l'Afrique et a été maintenu dans le but de perpétuer la suprématie européenne et française dans ces pays", insiste le chercheur. L'Allemagne doit enfin prendre la parole et dire qu'on entrave l'industrialisation en Afrique ! Les entreprises ne peuvent devenir compétitives si elles sont gênées en permanence pour exporter à cause d'une monnaie surévaluée."
Des normes différentes sur les deux continents
Pour le député européen allemand Elmar Brok (CDU), le ministre du développement allemand devrait aussi s'attaquer à un autre dossier s'il souhaite vraiment des échanges équilibrés entre les deux continents. "Nous avons des normes trop strictes en Europe", explique-t-il. "Des normes sanitaires, de protection des consommateurs. Toutes ces barrières au commerce sont de facto non tarifaires, comme nous le savons tous, mais nous ne sommes évidemment pas disposés à abaisser ces normes".
Autant de questions et de barrières sur lesquels les dirigeants africains pourraient aujourd'hui faire pression avec la diplomatie allemande. Elle cherche coûte que coûte à développer les échanges avec le continent depuis un an et demi.