La zone euro se met d'accord sur la Grèce
6 décembre 2012Ainsi, les ministres des finances des 17 pays de la zone euro ont-ils trouvé un accord sur la réduction de la dette grecque. Un accord qui va débloquer en décembre un chèque de près de 35 milliards d'euros indispensable à la Grèce pour éviter la faillite. Un accordsur lequel il faut se pencher longuement car il est d'une complexité extrême. Tout d'abord, les états de la zone euro ont accepté que la Banque Centrale européenne, la BCE, rende à Athènes les intérêts sur les bonds grecs qu'elle possède. Soit environ 7 milliards d'euros qui n'iront pas dans les caisses des États puisque la BCE aurait dû verser ces intérêts aux banques nationales concernées. A ceci s#ajoute le fait que les prêts bilatéraux accordés à la Grèce par d'autres États membres de la zone euro verront leurs taux d'intérêts réduits.
Tout ceci fait que nous sommes très proches d'un sauvetage de la Grèce qui va coûter aux contribuables européens. Car pour l'instant les 17 membres de la zone euro ont accepté de tailler dans les intérêts. Mais quelle sera la prochaine étape ? Vont-ils tailler aussi dans les remboursements ce qui se traduirait par une restructuration de la dette (un effacement de l'ardoise) qui se ferait sur le dos des contribuables ? Or, la clause bail-out introduite dans les Traités européens interdit cette possibilité. L'Allemagne ne cesse de le répéter, Berlin redoutant de se faire rappeler à l'ordre par les juges de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.
Effacer l'ardoise
Mais en lisant entre les lignes, la porte est ouverte. Tout d'abord parce qu'un plan de rachat, à moindre valeur bien sûr, de la dette détenue par les créditeurs privés est prévu afin de réduire la dette grecque de 11 milliards d'euros. Enfin, les 17 ont indiqué qu'ils étaient prêts à prendre des « mesures supplémentaires » si la Grèce mène à bien ses réformes et dès qu'Athènes sera en mesure de dégager un budget positif. Une perspective pas envisagée avant la fin 2014. Comme cela tombe bien ! Après les élections en Allemagne qui auront lieu à l'automne 2013. Ce qui permettrait à Berlin d'engager peut-être le soutien budgétaire auquel il s'est toujours refusé.
L'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, dans une de ses Rafarrinades les plus célèbres, avait déclaré que « la pente est rude mais la voie est droite ». Ce qui ne voulait rien dire bien sûr. Eh bien la voie de l'Europe est elle aussi rude mais elle n'est pas droite. Elle ressemble plutôt à un labyrinthe où le seul fil d'Ariane est un chapelet de milliards et de pourcentages du PIB. Le Minotaure c'est bien sûr la crise financière. Quant à Thésée, celui qui tua le Minotaure dans le labyrinthe crétois : Van Rompuy, Merkel, Hollande, Barroso ? Je vous laisse choisir.
Encore insuffisant
Nous restons sur ce thème du sauvetage de la Grèce. L'accord trouvé est un pas en avant. Certes compliqué. Mais jugé aussi insuffisant par le groupe écologique au Parlement européen qui estime que la solidité de la Grèce et sa capacité á rembourser n'est pas assurée à long terme.
C'est ce qu'explique Rebecca Harms. Elle est co-président du groupe des Verts au Parlement européen.
Les immigrés boucs émissaires
Nous allons en Italie maintenant. Avec la crise, les tensions sur le marché du travail s'accroissent et les travailleurs immigrés, bien accueilli en temps de prospérité économique, sont désormais accusés de prendre le travail des Italiens. Le réflexe est connu. Mais il ne correspond pas à la réalité de l'économie.
Une récente étude souligne en effet que chômage et taux de population étrangère sont rarement liés. Les immigrés acceptant d'ailleurs souvent de réaliser des tâches que les Italiens ne veulent plus assumer.
C'est un reportage de notre correspondante Arielle Dumont.