L'Afrique du Sud et Béchir
19 juin 2015La détresse qui pousse les gens à fuir vers l'Europe en traversant la Méditerranée a de nombreuses raisons. L'une d'entre elles s'appelle Omar el Béchir, souligne la Süddeutsche Zeitung.Sous son régime au Soudan des centaines de milliers d'Africains ont été tués, des millions ont dû fuir leur foyer. La CPI reproche au dictateur le crime le plus grave que connaisse la justice internationale : le génocide et a lancé un mandat d'arrêt international contre lui. Le président Béchir était pourtant frappé d'une interdiction de sortie du territoire obtenue la veille par une ONG sud-africaine qui avait saisi en urgence les tribunaux.
Mais le gouvernement sud-africain du président Jacob Zuma a fait fi de sa propre justice et a tranquillement laissé partir Béchir. La liberté d'un tyran lui importe apparemment plus que le destin de ses victimes! Et un bon nombre de gouvernements en Afrique, tout comme l'Union Africaine, pensent et agissent de la même manière, déplore le journal.
"C'est un cuisant revers pour la justice pénale internationale et ses efforts pour rendre le monde plus sur et plus pacifique à l'aide du droit. En arrêtant Bachir, l'Afrique du Sud aurait pu contribuer à ces efforts et donné de l'espoir aux millions de victimes des tyrans de ce monde."
Au lieu de cela le gouvernement de Zuma a servi de passeur à un criminel génocidaire, s'indigne l'éditorialiste.L'Afrique du Sud, membre de la CPI aurait dû arrêter Bachir et le livrer à La Haye. Elle ne l'a pas fait, le gouvernement de Zuma a foulé au pied le droit des peuples et offensé ainsi les victimes, souligne la Süddeutsche qui espère que les critiques du régime en Afrique du Sud comme dans le monde ne l'oublieront pas de si tôt !"
Autre thème :Un troisième mandat pour Paul Kagame?
Le président du Rwanda Paul Kagame envisage un troisième mandat présidentiel en 2017. Mais pour cela il faudrait modifier la constitution qui ne prévoit au maximum que deux mandats de sept ans chacun.
Tout le Rwanda discute actuellement de l'avenir de son président, relève le quotidien de Berlin die tageszeitung. Le président Paul Kagame, chef du RPF (Front Patriotique Rwandais), qui en 1994 a conquis le pays et mis fin au génocide contre les Tutsis, est président depuis 2000. C'est en 2003 qu'il a été régulièrement élu la première fois et réélu en 2010 avec 93% des suffrages.
Que le débat sur un 3ème mandat ait été lancé maintenant au Rwanda n'est pas un hasard, estime la taz. Depuis deux mois le chaos règne au Burundi voisin après la décision du parti au pouvoir CNDD-FDD d'envoyer le président Pierre Nkurunziza pour un 3ème mandat alors que la constitution burundaise ne prévoit aussi que deux mandats maximum pour un même président. Depuis les Burundais protestent, un putsch a été avorté, les manifestations ont été brutalement réprimées.
Toutefois, comparé à Nkurunziza , son homologue rwandais Paul Kagamé peut se vanter du soutien d'une large part de la population, même si les organisations de défense des droits de l'Homme critique le manque de liberté de la presse dans le pays et l'instrumentalisation de l'opposition."