Berlin tient à la solution à deux Etats au Proche-Orient
12 septembre 2019Annexer une partie de la Cisjordanie, voilà ce qu’a promis Benjamin Netanyahu en cas de réélection aux législatives. Le Premier ministre israélien multiplie les déclarations et opérations choc, à moins d’une semaine du scrutin de mardi prochain.
Ses propos provoquent des réactions jusqu’en Allemagne.
Un vivier d'électeurs
Les 400 000 colons de Cisjordanie occupée représentent un important vivier d'électeurs. Dans la vallée du Jourdain, ils sont 11.000, contre 65 000 Palestiniens.
Les promesses d’annexion suscitent des espoirs prudents chez les colons comme Danny Tayeb qui attendent ça depuis 1967 et la Guerre des six-jours : " C’est une bonne déclaration mais je n’y crois pas. Aucun de nos gouvernements ne s’est jamais préoccupé de la vallée. J’aimerais que ce soit vrai, mais ils n’en auront pas le courage."
Importance stratégique ou rhétorique électoraliste?
Le Premier ministre israélien insiste sur l’importance stratégique pour Israël d’annexer la vallée du Jourdain pour des raisons de défense sur le front Est.
En Israël, la gauche et le centre crient à la démagogie électoraliste. Shaked Morag, directrice de l’ONG "Paix maintenant", est d'avis que "ce que Netanyahu vient chercher en réalité, c’est le soutien de l’extrême droite. Il a besoin d’elle pour garantir son immunité face aux charges criminelles qui pèsent sur lui."
Les Palestiniens et de nombreux dirigeants du monde arabe fustigent les ambitions coloniales du Premier ministre israélien.
Saeb Erekat, ancien négociateur pour les Palestiniens, est catégorique. Pour lui, "il est impossible d’avoir un Etat palestinien sans la vallée du Jourdain. Ça représente la frontière, l’eau, l’agriculture, c’est le tourisme, c’est l’histoire, la porte sur l’Est. Comment imaginer un Etat palestinien viable sans [ses] 37 kilomètres de côtes sur la Mer morte ?"
Réactions en Allemagne
En Allemagne, le député FDP Alexander Graf Lambsdorff estime qu’il ne faut pas prendre la rhétorique électorale de Benjamin Netanyahu au pied de la lettre.
Selon lui, Israël comme les Etats-Unis ont pour l’instant intérêt à maintenir le statu quo.
La nouvelle feuille de route américaine pour le Proche-Orient devrait être présentée après les législatives israéliennes, d'après Benjamin Netanyahu.
Chez les Verts, Oumid Nouripour enjoint le gouvernement allemand "de montrer à [son] partenaire israélien qu’une annexion serait contraire au droit international et ferait reculer le processus de paix de plusieurs années."
Début septembre, la Süddeustsche Zeitung dévoilait que le groupe parlementaire écologiste avait soumis des questions au gouvernement fédéral.
En dépit de sa traditionnelle prudence vis-à-vis des autorités israéliennes, le cabinet Merkel a répondu sur 17 pages dans lesquelles il se montre critique vis-à-vis de la colonisation israélienne et fait part de sa "grande préoccupation" quant à l’avenir d’une solution à deux Etats, qui reste "l’objectif" affiché de l’Allemagne.
L'ONU reste vigilante
Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, a déclaré qu’une éventuelle annexion unilatérale de la Cisjordanie par Israël ne serait pas légitime du point de vue du droit international mais qu’elle aurait des répercussions graves sur le processus de paix.