L'Allemagne en pleine redéfinition
3 février 2014Pendant des années, la conférence de Munich sur la sécurité s’est résumée à une réunion d’hommes grisonnants d’Europe et d’Amérique dans un hôtel de Bavière, qui réaffirmaient l’amitié indéfectible entre leurs pays et leurs peuples et l’importance de la coopération pour le bien de tous, peut-on lire dans la Süddeutsche Zeitung. L’édition 2014 n’a pas failli à la règle, à la différence près que l’érosion de l’alliance transatlantique était visible, et les grandes paroles ne suffisaient pas à combler le fossé entre Européens et Américains, dû notamment au scandale des écoutes de la NSA en Europe.
Traduire les discours dans la pratique
Dans son discours à Munich, le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, a estimé que la République fédérale devait, au vu des crises et des conflits dans le monde, passer du statut de « bon partenaire auparavant, à celui d’une puissance qui s’engage plus fermement et de façon plus visible ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung analyse ce tournant politique qui semble s’opérer en Allemagne. Elle rappelle que sous le ministre des Affaires étrangères précédent, Guido Westerwelle, l’Allemagne avait atteint le summum de l’inaction en s’abstenant lors du vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur une intervention en Libye. Désormais, l’Allemagne définit différemment son rôle dans le monde, mais les conséquences pratiques de ce changement restent peu claires.
Un flou que déplore également la tageszeitung, suite au discours du président allemand Joachim Gauck, à Munich. Un discours que le journal a trouvé empreint d’autosuffisance. « Quand on estime que certaines guerres sont nécessaires, il faut au moins être à même de définir avec exactitude leurs raisons, leurs objectifs, les options militaires et les sorties de crises possibles ».
Des élections pour rien
Et puis un mot de la Thaïlande. Die Welt titre sur « une élection qui ne vaut rien ». Le journal raconte que le blocage de bureaux de vote et les nombreux bulletins nuls ont torpillé le vote d’hier. Même vainqueur du scrutin, le parti de la premier ministre Shinawatra sera dans l’incapacité d’obtenir une majorité stable. Et la chef du gouvernement restera vulnérable, incapable de lancer les réformes politiques et économiques nécessaires au redressement d’une Thaïlande exsangue.