L'Allemagne et les Palestiniens
17 janvier 2018Les Etats-Unis ont annoncé la suspension de leur aide aux refugiés palestiniens avec le gel d'un versement de 65 millions de dollars. Après cette annonce, l'Union européenne doit se positionner.
Le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a déclaré que l'Union européenne devait reconnaître l'Etat de Palestine. Un scenario peu réaliste, notamment en raison de l'opposition de grands pays comme l'Allemagne.
Disparités franco-allemandes
Dans les faits, le couple franco-Allemand partage une vision commune sur bien des dossiers internationaux, notamment la construction d'une Europe forte. Mais concernant le conflit israélo-palestinien, les deux pays n'ont pas la même approche diplomatique.
Paris n'hésite ainsi pas à critiquer ouvertement les dérapages de l'Etat hébreu. Tandis qu'à Berlin, l'approche est différente. Pour des raisons historiques, l'Allemagne critique peu, voire presque jamais, la politique de Tel-Aviv vis-à-vis des Palestiniens.
Cette dette morale de Berlin, liée au souvenir de l'Holocauste, hypothèque toute reconnaissance officielle, au niveau de l'Europe, de l'existence d'un Etat de Palestine.
Une diplomatie allemande en nuances
Pourtant, la diplomatie allemande n'est pas monolithique sur ce dossier. En 1974, l'Allemagne est ainsi le premier Etat européen à se prononcer pour le droit à l'autodétermination des Palestiniens.
De plus, depuis la signature des accords d'Oslo, le 13 septembre 1993, l'Allemagne réunifiée apporte son soutien à la consolidation de l'Autorité Palestinienne.
Enfin, c'est encore l'Allemagne qui était le premier pays à ouvrir une représentation auprès de l'Autorité Palestinienne, à Jéricho, en août 1994.
Le sort des Palestiniens fait donc partie aussi des préoccupations de Berlin. Même si l'Allemagne évitera de s'associer à toute initiative qui risquerait de lui aliéner son allié dans la région : Israël.
Tollé international
L'annonce faite par les Américains de suspendre plus de la moitié de leur aide aux réfugiés palestiniens a fait grincer des dents. En Cisjordanie et à Gaza, des centaines de milliers de Palestiniens sont tributaires de l'assistance internationale.
Par exemple pour se soigner, apprendre ou travailler. Selon les informations relayées par nos confrères de l’AFP, sur les 125 millions de dollars de contribution volontaire américaine prévue pour 2018, la première tranche, estimée à 60 millions de dollars sera débloquée par Washington.
Cette somme servira à payer notamment les salaires dans les écoles et prendre en charge le système de santé en Jordanie, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, où vivent dans l’indigence de milliers de Palestiniens.
Depuis 1949, l’UNRWA, l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient, vient en aide aux refugiés palestiniens enregistrés comme réfugiés dans les territoires occupés, en Jordanie, au Liban ou en Syrie.
La suspension de l'aide américaine, quoique provisoire, risque de plomber les activités de cet organisme de l’ONU qui a déjà vu son budget réduit en 2017 à raison de 150 millions de dollars américains.