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Histoire

L'Allemagne rend hommage aux victimes du nazisme

Sandrine Blanchard | Jens Thurau
29 janvier 2020

L'hommage officiel de l'Allemagne aux victimes de l'Holocauste a été rendu au Bundestag entre mémoire et mise en garde pour l'avenir.

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Deutschland Berlin Gedenkveranstaltung im Bundestag für die Opfer der Nazidiktatur
Image : Reuters/M. Tantussi

"C’était dément ... Auschwitz ne doit jamais se reproduire"

Ce mercredi 29 janvier, les drapeaux du Reichstag étaient en berne à Berlin. Le bâtiment qui abrite le Bundestag était le lieu choisi pour rendre l'hommage officiel de l'Allemagne aux victimes de l'Holocauste.

Mais au-delà des cérémonies du souvenir, il s'agissait aussi pour l'Etat allemand de marquer son refus de l'antisémitisme, du racisme et de toute forme de xénophobie en 2020.

Reuven Rivlin et Frank-Walter Steinmeier, dans une accolade symbolique
Reuven Rivlin et Frank-Walter Steinmeier, dans une accolade symboliqueImage : Reuters/M. Tantussi

Invité venu d'Israël

Depuis 1996, l'Allemagne commémore chaque année la libération du camp d'extermination nazi d'Auschwitz. C'était le 27 janvier 1945, par l'Armée rouge soviétique.

Le président israélien, Reuven Rivlin, était invité cette année à Berlin. Il est le deuxième chef de l'Etat hébreu à participer aux commémorations après Shimon Peres en 2010.

Dans son allocution au Bundestag, Reuven Rivlin a fait part de son "inquiétude" de voir l'histoire se répéter.

"La responsabilité qui pèse toujours sur les épaules de l'Allemagne est énorme. Elle est d'autant plus lourde que nous voyons en ce moment resurgir en Europe et dans le monde les vieux démons du passé."

"Pas d'euphorie, pas de joie"

" Pas d'euphorie, pas de joie" : c'est par ces mots que le président allemand Frank-Walter Steinmeier a entamé son discours, lui aussi préoccupé par la montée de l'antisémitisme et de la xénophobie.

"J'aimerais pouvoir affirmer, devant notre hôte venu d'Israël, que nous, Allemands, avons compris les leçons du passé. Mais comment pourrais-je le dire alors que la haine se propage à nouveau, que le poison du nationalisme resurgit dans le débat public, y compris chez nous, et que le simple port de la kippa peut présenter un danger pour les gens. Ou qu'on entend, et je n'invente pas cette anecdote, que des juifs, en Allemagne, cachent leur chandelier à sept branches quand ils reçoivent la visite d'un plombier ?"

Judenstern
Les nazis ont contraint les juifs à porter cette étoile jaune au revers de leurs habitsImage : picture-alliance/dpa

L'AfD bien silencieuse

Les élus de l'AfD, le parti d'extrême-droite, n'ont pas tous applaudi aux discours. Et quand le président du Bundestag, Wolfgang Schäuble, fustige le "silence qui ne peut pas panser les plaies d'Auschwitz", il vise notamment le président du groupe parlementaire de l'AfD, Alexander Gauland.

Celui-ci avait déclaré que Hitler et les nazis n'étaient qu'une "fiente d'oiseau" dans l'histoire millénaire de l'Allemagne.

Le président du Conseil central des juifs d'Allemagne rappelle que "selon certaines statistiques, près d'un Allemand sur cinq éprouverait du ressentiment antijuif et aurait des pensées antisémites".

D'après lui, ces chiffres sont stables, mais désormais les gens osent dire ce qui était encore tabou il y a quelques années.

De nombreuses personnes avaient fait le déplacement pour assister, dans le public, aux cérémonies.

Parmi ce public, de nombreux juifs et des survivants du génocide mais aussi des handicapés, des homosexuels, des Roms ou encore des militants de gauche, autant de groupes également victimes de persécutions sous le nazisme.