L'aura ternie d'Aung San Suu Kyi
31 août 2017"Une icône sans éclat", titre la Süddeutsche Zeitung. L'icône, c'est la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, adulée quand elle était en résidence surveillée. Elle incarnait la lutte pour les droits de l'homme et la liberté. Mais depuis qu'elle est à la tête du gouvernement birman, le prestige de l'ex-dissidente en a pris un coup, note le journal de Munich.
Le monde se demande si elle peut réformer le pays et ramener la paix : près de 19.000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas ont fui les combats entre l'armée et des rebelles et ont trouvé refuge au Bangladesh. Aung San Suu Kyi fait de la politique, explique le journal et suit un réflexe populiste : les Rohingyas sont persécutés par une grande majorité de Birmans.
La chef de gouvernement s'aligne aussi sur l'armée, aux commandes dans le pays. Elle paie son tribut à la Realpolitik, selon la Süddeutsche Zeitung, qui rappelle que d'autres icônes, comme Mandela et Gandhi, avaient eux aussi leurs faiblesses mais que leurs erreurs ont été éclipsées par leur mort.
Il y a un an était destituée Dilma Rousseff
La tageszeitung s'intéresse elle à une autre femme, un temps adulée et depuis tombée en disgrâce. Il s'agit de l'ancienne présidente brésilienne de gauche Dilma Rousseff, destituée le 31 août 2016 par le Sénat pour maquillage des comptes publics.
Son passé de guérillera et sa résistance face à la torture pratiquée sous la dictature militaire ne l'auront pas protégées jusqu'au bout. Un an après sa chute, c'est tout le Brésil qui est en train de chavirer, déplore le journal berlinois : la pauvreté et la faim sont revenues, la violence bannie des favelas lors de la Coupe du monde et des Jeux olympiques est de retour, le président de transition Michel Temer s'appuie sur l'austérité, mais il ne maîtrise pas la crise économique.
Le tout dans l'indifférence du reste du monde. Le quotidien allemand relève tout de même que le Parti des travailleurs des ex-présidents Luiz Inacio Lula da Silva et Dilma Rousseff n'est pas exempt de critiques. Il a échoué à investir dans l'éducation ou à améliorer les soins de santé, misant sur une croissance rapide favorable à l'enrichissement des citoyens brésiliens. Mais le pays est dans un tel état que certains doutent qu'il y ait une élection présidentielle en 2018.