Le Burkina Faso face à une grave crise humanitaire
30 décembre 2019Dans la ville de Kaya, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, Ouagadougou, la population a doublé en quelques mois, avec l’arrivée de dizaines de milliers de déplacés. A l’hôpital, le docteur Hermann Lankoande s’inquiète d’une augmentation des cas de malnutrition dans le service pédiatrique : " Les gens n’ont pratiquement pas récolté. Ils ont cultivé, mais ils n’ont pas pu récolter. Ils ont dû fuir. Donc, il n’y a vraiment pas de quoi manger. Les enfants qui sont en pleine croissance tombent rapidement dans la malnutrition."
Dans les chambres, il y a parfois deux enfants par lit, faute de place. La plupart sont des déplacés comme cette petite fille de quatre ans, admise récemment. Assise à côté de sa mère, elle est beaucoup trop maigre pour son âge et souffre d’une infection cutanée liée à la malnutrition. Pour le docteur Lankoande, " ce sont des réfugiés aussi. Ils ont quitté leur village puis se sont retrouvés à Barsalogho (Centre-Nord) il y a six mois de cela. J’ai demandé pourquoi elle avait tardé avant de venir. Elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas se déplacer, c’était très dangereux de sortir. Ils peuvent se faire attaquer".
Risque d'aggravation
Plusieurs organisations internationales ont indiqué être confrontées à des difficultés d’accès aux personnes dans le besoin, en raison de l’insécurité grandissante dans le pays.
Pour Chrysogone Zougmoré, président d’une association de défense des droits de l’homme au Burkina Faso, la situation risque de s’aggraver. "Dans certaines zones, notamment au nord, il y a des infrastructures socio-sanitaires qui sont complètement fermées. Il y a des zones où les populations n’ont pas pu cultiver. On se demande quelles conséquences cela aura l’année prochaine, puisque vous avez des gens qui n’auront pas du tout de quoi manger. Cela va aggraver la situation humanitaire que nous vivons déjà", prévient-il.
Les perspectives d’un retour immédiat des déplacés dans leurs villages sont faibles. Au fur et à mesure que leurs ressources s’épuisent, leurs besoins vont augmenter, ainsi que ceux des familles d’accueil déjà vulnérables.